Transcription automatique de l'épisode Tech Cafe 315supp ESNRH

Via Whisper (OpenAI), faster-whisper (github/guillaumekln) et Pyannote-audio (github/pyannote). Basé sur une idée de Ruhollah Majdoddin.

0:00:30 à 0:02:39 Guillaume Vendé :
Salut à toutes, salut à tous, je suis Guillaume Vendée. Je suis ravi de vous retrouver dans cet épisode supplémentaire de TechCafé où on va parler des entreprises du numérique. On appelait ça, de mon temps, ça vous donnera une indication sur mon âge, les SS2i. Alors que vous soyez en train d'évoluer dans ce type d'environnement professionnel, que vous envisagiez d'y faire carrière ou même, si vous n'y connaissez rien mais que vous êtes un petit peu curieux, bienvenue dans cet épisode qui s'annonce peut-être plein de piquants. Et pour cause, je reçois pour cet épisode quelqu'un qui m'a sollicité par mail. Pour tout dire, je reçois plein de mails pour réaliser des épisodes spéciaux de TechCafé et en général, je ne réponds pas parce que souvent, les propositions sont un petit peu farfelues. Mais c'est un exemple qui va vous montrer que peut-être, il faut quand même que vous me contactiez malgré tout, parce que le mail que j'ai reçu pour cet épisode m'a pas mal interpellé, à la fois sur le fond, et je dois le dire, sur la forme. J'ai l'immense plaisir d'accueillir dans cet épisode Marlène. Bonjour Marlène !
0:02:39 à 0:02:40 Marlène Vaur Henel :
Bonjour Guillaume !
0:02:40 à 0:02:55 Guillaume Vendé :
Dans ton mail, tu indiquais que ton leitmotiv, c'était de dire aux professionnels de la tech qu'être bon dans son boulot, évidemment c'est bien, on sera tous d'accord, mais connaître les règles du jeu dans le monde du travail évitait les mauvaises surprises. Alors Marlène, tout simplement, est-ce que tu peux te présenter ?
0:02:55 à 0:03:55 Marlène Vaur Henel :
Écoute donc, Marlène, la trentaine bien avancée, et je connais ce sujet, on va dire, de la tech et de l'évolution de carrière dans la tech, puisque pendant quelques années, j'ai été manager dans une grande ESN, donc j'ai régéré une agence de consultants en informatique, pour ma part plutôt côté applicatif. Je recrutais ces consultants, je leur trouvais des missions pour aider mes clients, ou sur des projets en interne, et puis je gérais aussi le budget de mon agence. Mais bon, depuis, j'ai quitté l'entreprise, et je me définis, on va dire, comme une manager repentie, puisque bon, j'ai épousé aussi un développeur, donc je vais mieux, je suis passée de l'autre côté. Donc vraiment, j'ai adoré ce métier par certains côtés, j'ai fait de très belles rencontres, j'ai rencontré de merveilleux candidats, de merveilleux consultants, des super collègues, mais j'ai aussi vu l'envers du décor des ESN, et au bout d'un moment, je n'étais plus du tout alignée avec ma boîte, donc je l'ai quittée fin 2021. Et donc là, j'ai plein de nouveaux projets dans la tête, et puis aussi partager mon expérience, notamment sur les réseaux, via un blog que je suis en train de monter, et puis avec toi aujourd'hui.
0:03:55 à 0:04:05 Guillaume Vendé :
Est-ce qu'il y a eu un déclencheur ? Est-ce qu'il y a eu, par exemple, je ne sais pas, les confinements qui ont amené à te poser des questions que tu ne serais pas posées autrement, ou est-ce que ça a été une évolution logique dans ta réflexion ?
0:04:05 à 0:04:13 Marlène Vaur Henel :
Je me posais déjà pas mal de questions. Alors, quand je suis partie de Paris et que je suis allée à Nantes, je suis restée dans mon entreprise, mais j'ai pu bénéficier de…
0:04:13 à 0:04:15 Guillaume Vendé :
Tu fais partie de ces gens bien qui ont quitté Paris.
0:04:15 à 0:04:36 Marlène Vaur Henel :
Exactement. Et puis, j'ai été maman deux fois, et très clairement, je commençais à avoir un problème d'emploi du temps et d'alignement entre les valeurs que je voulais inculquer à mes enfants et puis ce que je faisais dans mon entreprise, ce qui ne me plaisait pas toujours. Donc voilà, j'ai pris cette décision de partir. Ça a été vu avec mon employeur, on était tout à fait d'accord, pour le meilleur, je pense.
0:04:36 à 0:05:09 Guillaume Vendé :
Parfois, on fait des parallèles sans doute très maladroits dans les enseignements autour du management, qu'il y a des parallèles à faire entre l'éducation et le management. On ne va pas rentrer là-dedans, ne vous inquiétez pas. Peut-être qu'on le fera un autre jour, allez savoir, mais ce n'est pas l'objectif de cet échange. Tout simplement, tu m'as contacté et je me suis rendu compte que cet acronyme d'ESN, il n'était pas familier pour moi. J'avais d'autres acronymes en tête et tu vas me dire s'il y a des différences, si c'est bien la même chose, etc. Peut-être pour vraiment poser un petit peu les décors de manière simple et efficace, qu'est-ce que c'est qu'une ESN ? Et c'est quoi son organisation, sa façon de fonctionner, ses caractéristiques ?
0:05:09 à 0:06:01 Marlène Vaur Henel :
Alors une ESN, c'est une entreprise de service du numérique. C'est assez simple, ça répond à un besoin des entreprises, grosses ou petites d'ailleurs, d'externaliser une partie de leurs fonctions informatiques. Il faut dire que régulièrement, les grandes entreprises vont se lancer dans des projets parfois d'innovation, parfois touchy, parfois où ils ont besoin de talents qu'ils n'ont pas en interne. Et donc les ESN reprendent complètement à ce besoin. Donc les ESN, très basiquement, je veux dire la définition basique, vendent des compétences, vendent des produits à d'autres entreprises et ces compétences, ce sont des gens, tout simplement. Donc moi dans mon ESN, vraiment on avait une vision extrêmement large, autant en informatique qu'en industrie, qu'en énergie. Moi sur ma business unit, on était vraiment sur la partie informatique. On a évolué en digital après.
0:06:02 à 0:06:05 Guillaume Vendé :
C'est quoi la différence informatique, digitale ?
0:06:06 à 0:06:27 Marlène Vaur Henel :
Alors nous, c'était un positionnement qu'on avait, c'est-à-dire qu'informatique, on prenait ça en entier, c'est-à-dire avec la partie infra, la partie applicative. Nous, digital, c'était vraiment la partie applicative, digitalisation des process aussi, conduit du changement sur l'entreprise numérique. Donc voilà, c'était cette appellation qu'on avait.
0:06:27 à 0:06:35 Guillaume Vendé :
Ok. Alors pourquoi est-ce que moi j'ai appelé ça une SS2i ? Est-ce que c'est que l'appellation a changé ? Ça a été modernisé ?
0:06:35 à 0:07:24 Marlène Vaur Henel :
Oui, alors tout à fait. Bon, grosso modo, c'est exactement la même chose. Derrière, c'est le même syndicat national. Sauf qu'il y a quelques années, ils ont décidé de refaire leur image de marque. C'est vrai que SS2i avait une très mauvaise image de vendeur de viande. Je pense qu'on l'a tous entendu. Et donc est venu le besoin de se moderniser. Alors autant sur cette partie-là, c'est-à-dire de faire oublier un peu cette mauvaise image qu'ils avaient par rapport aux consultants, mais aussi de correspondre mieux à leurs clients. Les services du numérique, c'est vraiment de l'accompagnement global et pas juste des plateaux où il y a des techs qui sont toute la journée, je dirais, en train de faire des résolutions de problèmes. Il y a aussi une image d'accompagnement plus haut niveau pour les entreprises d'accompagnement plus stratégique.
0:07:25 à 0:07:48 Guillaume Vendé :
Et ce changement d'image, quelque part changement de positionnement, mais est-ce que ce changement d'image, il a été fructueux, tu penses, sur les dernières années où tu as travaillé, toi, de ton côté ? Est-ce que tu avais le sentiment que l'image de ces entreprises était plus positive que l'image qu'on pouvait avoir des SS2i il y a plus longtemps ? Ou est-ce que les mêmes causes produisent peut-être un tout petit peu les mêmes effets ? C'est quoi ton sentiment là-dessus ?
0:07:48 à 0:08:42 Marlène Vaur Henel :
Alors déjà, moi, quand je suis rentrée dans mon ESN, c'était en 2017, ça faisait déjà quelques années que le mot avait changé, mais tout le monde me parlait tout le temps d'SS2i, très clairement. Et donc, j'allais dire, c'était vraiment un argument marketing de dire non, non, on n'est surtout pas une SS2i, on est une ESN. Bon, dans les faits, on restait quand même assez marqué par ce passé-là. Après, je dirais que chaque entreprise, chaque ESN va avoir vraiment son positionnement aussi entre guillemets plus ou moins haut de gamme par rapport à ses clients, proposer des services qui peuvent être très différents. Et autant, il y a certaines ESN qui sont restées dans un mode SS2i assez classique, et autant certaines autres ont vraiment évolué sur leur accompagnement. Et là, ça correspond vraiment à un changement complet de paradigme.
0:08:42 à 0:09:30 Guillaume Vendé :
Alors, on enchaîne toutes les questions qui n'étaient pas du tout prêtes dans le conducteur. Ça, c'est pour les gens qui nous écoutent. Je t'interroge sur plein d'autres sujets en parallèle avant qu'on déroule notre conducteur. Mais j'ai une ultime question qui me brûle les lèvres aussi. C'est par rapport à, là aussi, ton parcours et ce que tu constates aujourd'hui dans le monde de la tech. Bon, s'il y a un épisode de podcast qui sort où on ne parle pas de tchat GPT, d'intelligence artificielle, il paraît qu'on est has-been, donc j'essaie de le faire à ma manière. Non, en toute transparence, je me posais aussi la question, est-ce que l'arrivée de l'intelligence artificielle qui est dans la mise en application des entreprises, peut-être encore n'en déplaise à certains, balbutiante, mais ça va aller très, très, très vite probablement. Est-ce que tu penses que ça peut mettre à mal les modèles de ces entreprises ou tout du moins la façon dont c'est géré, la façon dont c'est mis à disposition dans leurs services auprès des clients ? Je ne sais pas si tu as un avis sur le sujet, d'ailleurs.
0:09:30 à 0:09:41 Marlène Vaur Henel :
Alors, je vais te répondre une première chose. Moi, je suis assez fan de tchat GPT. Je me suis complètement plongée dans l'outil. Je m'en sers pour tout et n'importe quoi, même pour nous préparer.
0:09:41 à 0:09:43 Guillaume Vendé :
Pour rédiger les réponses aux questions de cet épisode.
0:09:43 à 0:11:08 Marlène Vaur Henel :
Exactement, mais en fait, ça donne plein d'idées qu'on n'aurait peut-être pas eues au premier abord. Et je trouve que dans le cadre de son travail, ça peut être vraiment très performant quand c'est bien utilisé. Et pour revenir sur tout ce qui est IA, je me faisais une réflexion. J'étais sur LinkedIn tout à l'heure et je vois passer un post justement sur une entreprise, une start-up qui lance vraiment un modèle d'IA pour générer des fiches de post. Et j'ai testé. Voilà, développeur Java senior, le nom de l'entreprise, et paf, il te sort un pavé magnifique qui donne vachement envie de postuler, mais qui se bat sur du vent, sur rien du tout. Et disons que c'est comme tout. Un outil d'IA peut être parfaitement utilisé, parfaitement utilisé à des fins de créativité, à des fins de productivité, mais aussi peut être complètement retourné pour faire de l'abattage, très clairement, dans un domaine comme le management et le recrutement. Donc voilà, c'est vraiment chacun qui va devoir revoir sa position par rapport à ses outils pour voir comment il s'en sert. Mais moi, je n'ai pas de doute particulier sur le fait que ça va être extrêmement utile. Ça va changer plus ou moins la façon de travailler, mais je ne suis pas sûre que ce soit pour un mal. Franchement, je pense qu'on peut s'en servir à de très bonnes essions.
0:11:08 à 0:12:25 Guillaume Vendé :
Il va falloir accompagner le changement comme dans beaucoup de situations, des trucs qui doivent faire écho à plein de choses que tu as vécues, d'ailleurs, l'accompagnement du changement. Tu disais que c'était parfois du vent, on parlait des offres d'emploi. Je me dis spontanément aussi que c'est très pertinent pour une offre d'emploi parce que quelque part, une offre d'emploi, c'est extrêmement formaté quand on y pense. Il y a peut-être, je ne sais pas, quelques pourcents d'une fiche de poste qui change selon la boîte, mais dans l'absolu, j'imagine que tu changes le logo et l'emplacement, d'ailleurs, ou pas, et ça marche aussi. Et ça montre aussi à quel point peut-être des entreprises qui veulent recruter vont avoir besoin de mettre en avant leurs valeurs plus que jamais. Quand on met en avant une offre d'emploi, ça va peut-être être plus vital que jamais, j'imagine, d'arriver à mettre en avant des choses qui sont prouvées, qui sont des engagements quelque part et des choses assez différenciantes par rapport à leurs concurrents. Mais bon, c'est aussi un autre sujet. Question très simple, Marlène, on va se positionner dans le rôle d'un candidat, d'un employé, de quelqu'un qui travaille dans une SN. La question, elle est simple en matière de formation et d'accompagnement. Est-ce qu'il est accompagné ? Est-ce que toi, de ton vécu, tu voyais les personnes qui étaient formées, valorisées ? Normalement, il y a un service RH, un service formation, non ? Comment ça se passe ?
0:12:25 à 0:15:05 Marlène Vaur Henel :
Oui, alors évidemment, nous, on avait un service formation qui était là pour faire évoluer les équipes. J'allais dire, comme dans toute entreprise, de toute façon, l'employeur, il a une obligation de formation. Et j'allais dire, encore plus dans l'IT, parce que sinon, ses équipes deviennent très vite hors scope par rapport à des clients qui font justement appel à ce genre d'entreprise pour avoir des talents qu'ils n'ont pas chez eux. Alors après, c'est toujours compliqué parce que selon les ESN, vraiment, on peut avoir une diversité d'approches par rapport à la formation qui est assez hallucinante. Je reviendrai après sur là où je travaillais, mais je connais quand même pas mal de monde dans d'autres ESN. Il y a certaines ESN, la formation est vraiment mise en avant, c'est-à-dire que vous avez tant de jours de formation obligatoires à faire dans l'année, les clients sont au courant que X jours dans l'année, les consultants ne sont pas là, ils sont formés pour être encore meilleurs quand ils reviennent après. Ça fait partie vraiment de la culture d'entreprise. Nous, techniquement, ça faisait partie aussi de la culture d'entreprise. Tous les ans, on faisait remonter les soins de formation de nos consultants. Après, est-ce que c'était pris en compte ? C'était pas toujours évident. Pour une simple et bonne raison, c'est qu'un consultant qui est en formation, il n'est pas chez un client, c'est-à-dire qu'il n'est pas facturé. Et ça, c'est très vite problématique. C'est-à-dire que nous, en plus, en tant que manager, on était impacté directement sur notre salaire, je le dis très clairement, si jamais on n'obtenait pas les objectifs financiers sur notre agence. Donc, ça faisait beaucoup à gérer. Et puis, au niveau de notre hiérarchie, c'était pareil. Si on n'était pas au carré sur les objectifs financiers, c'était autant de pertes de salaire. Et donc, c'est vrai qu'on n'était pas du tout incités à former nos consultants. Et je dois dire que la plupart des managers, on en souffrait autant que nos consultants. C'est-à-dire qu'on voyait bien que ne pas les former, c'était pas les valoriser, pas leur permettre de trouver des missions plus intéressantes la fois d'après, et éventuellement aussi les perdre, parce qu'ils seraient allés voir ailleurs si l'herbe n'était pas plus verte. Donc, vraiment, il faut prendre le temps face, j'allais dire, à n'importe quelle entreprise, de bien valider quelle est la politique, notamment de formation de ces entreprises. Quand on est dans l'IT, la formation, c'est son bagage vital, j'allais dire. Passer deux ans sans se former, on est très vite à zbine. Donc, c'est vraiment la responsabilité de chacun de faire en sorte de se former. Si l'entreprise ne le fait pas assez vite ou assez bien, il faut le faire tout seul, et au pire, aller voir ailleurs, malheureusement. Est-ce qu'il y a des outils
0:15:05 à 0:15:29 Guillaume Vendé :
qui permettent, je pense à des sites, notamment, je pense à des glaces d'or, etc. Est-ce que tu penses qu'il y a des moyens, des tips qu'on pourrait donner aux personnes qui voudraient être recrutées dans ce type d'entreprise, d'essayer justement de cerner un petit peu à l'avance ? Parce que j'imagine que les recruteurs peuvent aussi dire oui, il y a des formations, et puis en fait, ça ne se vérifie pas forcément dans les faits. Est-ce que tu as des astuces là-dessus ou est-ce que non, il n'y a que le bouche à oreille et l'expérience qui compte ?
0:15:29 à 0:15:37 Marlène Vaur Henel :
Bouche à oreille, beaucoup. Les sites, moi, je ne m'y suis pas du tout parce que, basiquement, il n'y a que les gens pas contents qui postent et c'est assez difficile.
0:15:37 à 0:15:43 Guillaume Vendé :
OK, c'est comme les avis sur Google Maps pour un restaurant, quoi. Si tu n'es pas incité à évaluer quand ça se passe bien, tu n'auras que des mauvaises notes.
0:15:43 à 0:16:24 Marlène Vaur Henel :
Voilà, moi, j'incite surtout en entretien à poser beaucoup de questions précises sur ce qui se passe. C'est-à-dire que parler de formation, c'est bien. OK, combien de jours en vrai ? Comment ça se passe ? Quand est-ce qu'on est formé ? Est-ce que c'est pendant qu'on est en mission ? Est-ce que c'est entre les missions ? Essayer de challenger un peu le manager qu'on a en face de soi qui a, en général, je parle d'expérience, son discours tout fait. Et si on creuse un peu, très vite, on va s'apercevoir si c'est un discours qui tient la route ou si c'est juste une façade. Donc, c'est pour tout entretien et toute entreprise. D'autant plus sur des sujets comme ça qui sont quand même hyper importants pour les consultants.
0:16:24 à 0:17:35 Guillaume Vendé :
C'est intéressant parce que spontanément, j'aurais vraiment misé sur le fait que c'était des choses qui se vérifiaient sur des sites. Je pensais Glassdoor, peut-être d'autres sites que je ne connais pas forcément. Mais c'est hyper intéressant que tu dises qu'il ne faut peut-être pas forcément s'y fier et que peut-être qu'il y a des avis très négatifs, finalement, sur ce sujet-là, mais que dans la réalité, ça ne se vérifie pas. Peut-être inversement, forcément. OK, on avait prévu de parler d'un sujet qui semble faire écho peut-être à des souvenirs de ton côté ou là aussi du bouche à oreille parmi toutes les personnes qui sont impliquées dans ces entreprises-là avec lesquelles tu as pu échanger. Un truc dont on ne parle pas forcément souvent, mais c'est l'ambiance dans une ESN, dans une entreprise du numérique, vue de l'extérieur. Moi, je vais donner l'image que j'en ai. J'ai un peu la vision startup. J'ai la vision du baby-foot qui est au milieu de l'open space quand les personnes ne sont pas en mission. L'esprit un peu cool, des sofas, une égalité homme-femme qui a dû bien être développée depuis pas mal de temps maintenant que je suis dans un environnement de travail depuis quelques dizaines d'années. Comment ça se passe ? C'est quoi l'ambiance dans une ESN ?
0:17:35 à 0:17:40 Marlène Vaur Henel :
Alors, tu vois, en préparant, je m'étais notée. Est-ce que tu veux savoir si on a des baby-foot ?
0:17:42 à 0:17:44 Guillaume Vendé :
Est-ce qu'il y a un baby-foot et qu'elle marque ?
0:17:44 à 0:17:48 Marlène Vaur Henel :
Oui, mais franchement, il y a des baby-foot, il y a même des bureaux.
0:17:48 à 0:17:50 Guillaume Vendé :
Est-ce que ce sont des Bonzini ou des Leclerc ?
0:17:50 à 0:22:05 Marlène Vaur Henel :
Je ne sais pas. On avait même des bureaux, on avait mis des Dark Vador et plein de trucs Star Wars. Mais si tu veux, ça, c'est très joli, c'est sympa, mais ça ne donne pas la réalité de ce qu'on peut attendre dans une entreprise. Si, quand on vous fait passer dans les couloirs, on vous dit super, on a la salle de pose avec sofa et baby-foot, pitié, limite fuyez ! Parce que c'est qu'on n'a que ça à vous vendre ! Ah, ok. Non, non, alors, effectivement, les ESN veulent avoir cette image-là. Forcément, on est dans un métier où l'innovation, c'est important et ça passe aussi par ce genre de code très anglo-saxon en fait. Mais une ESN, malheureusement, c'est aussi un endroit où on vend des compétences et ces compétences, c'est des gens qui les ont. Et le côté vendeur de viande, même si ce n'est vraiment pas le cas partout, il faut vraiment s'en méfier. C'est-à-dire que tout peut être très rose un beau jour et puis le lendemain, eh, logique financière, eh, tu n'es pas en mission depuis un petit moment, eh, peut-être qu'il va falloir accepter des choses que tu n'aurais pas acceptées d'habitude. Et bon, une pression peut se mettre aussi. Et moi, j'ai vécu des situations où ça en devenait morbide, vraiment. Donc, voilà. Dans une ESN, il faut quand même, pour quelqu'un qui veut rentrer en ESN et qui ne connaît pas, il faut s'y attendre. On est considéré comme un produit quand on est un consultant. On est sur le catalogue. C'est ça que les commerciaux, les managers vont vendre. Donc, si tu as du mal déjà avec cette notion-là, il ne faut pas aller en ESN. Ça ne va pas marcher du tout. Donc, le but d'un manager, c'est vraiment de vendre le plus cher possible et parfois, il est prêt à tout. Et voilà, des anecdotes folles. Alors, ce n'est pas arrivé sur mon plateau, mais bon, je sais que ça s'est arrivé pas très loin. Donc, quand tu as besoin que ton consultant aille en mission, parce que ça fait un petit moment qu'il te coûte trop cher, il peut arriver, tu as un client qui a un besoin et puis, tu n'as pas forcément la compétence en face. Alors, autant créer un faux dossier de compétence, quelque chose de très bien brandé pour le client. Et puis, tu vas voir un consultant qui n'est pas en mission depuis longtemps et puis, il te dit, maintenant, c'est toi. Et maintenant, tu vas te présenter au client et tu vas vendre tes compétences. Et bon, si on n'est pas prêt psychologiquement, ça peut vraiment être assez déstabilisant, surtout qu'en général, il ne va pas avec les meilleures augures et ça ne se passe pas forcément très bien. Parfois, il faut se dire qu'on est là aussi pour caser les gens à tout prix, qu'ils aient envie d'aller en mission ou pas. Donc, ça existe. Il faut se blinder là-dessus, ce n'est pas contre la personne, c'est qu'on a des objectifs et parfois, on devient un peu pressant, très clairement. Et alors, je vais te dire, il y a d'autres trucs. Pourtant, avant de bosser dans la IT, je bossais dans l'événementiel, alors je vais te dire, j'en ai eu des vertes et des pas mûres, mais je ne pensais pas retrouver des choses comme ça dans ce monde-là. On avait beaucoup de consultants qui venaient notamment des pays du Maghreb. Et alors, c'est eux qui nous faisaient vivre, très clairement, s'ils n'avaient pas ces compétences, s'ils n'avaient pas en mission. Nous, on n'avait rien. Donc, j'allais dire, on était quand même bien contents qu'ils soient là. Mais on avait aussi, vraiment, j'allais dire, un racisme parfois institutionnalisé, mais qui venait de très haut. J'ai une anecdote là qui m'est revenue en préparant. Et ce racisme, il faut se dire que ce n'est pas juste intrinsèque aux ESN, ça venait aussi des clients. Donc, j'ai une collègue qui avait envoyé un dossier de compétence à un client qu'elle connaissait assez mal. Et donc, il faut savoir, les dossiers sont anonymisés. Donc, il n'y a pas de nom dessus. Et donc, le client accepte de recevoir les consultants en entretien. Et a priori, sur le papier, ils avaient donc les compétences attendues, pas de problème. Sauf que le client, il a rappelé ma collègue après les entretiens et il lui a dit direct et j'étais à côté d'elle. Alors, ce n'est pas la peine de me présenter d'autres profils étrangers. De toute façon, je ne les prendrai pas, j'en ai déjà trop chez moi. Ah la vache ! Donc, je dis ça
0:22:05 à 0:22:06 Guillaume Vendé :
pour ne pas qu'on perde le temps.
0:22:06 à 0:22:12 Marlène Vaur Henel :
Je lui dis ça comme ça. Et alors, ce n'est pas fini parce qu'elle était super embêtée. Donc, en réunion, elle remonte l'incident
0:22:12 à 0:22:13 Guillaume Vendé :
et elle dit,
0:22:13 à 0:22:23 Marlène Vaur Henel :
mais super, mais je fais quoi avec ce client ? Et donc, la réponse officielle devant tout le monde, c'était, tu n'as qu'à lui envoyer des Français ou au pire, des Européens. OK. Donc, on n'avait pas
0:22:23 à 0:22:24 Guillaume Vendé :
se fâcher avec le client.
0:22:24 à 0:25:44 Marlène Vaur Henel :
Donc, il fallait s'adapter. Voilà. Et je te fais l'impasse sur le voile et compagnie où parfois, on se dit des trucs absolument hallucinants. Parce que, ouais, c'est vrai, c'est vrai, ouais, manque de courage, voilà, de ne pas se fâcher avec un client. On disait, bon, c'est un épiphénomène, etc. Sauf que, si tu veux, c'était tellement dans la culture d'entreprise que de temps en temps, on entendait des trucs en réunion, voilà, comme je viens de te dire là, où on ne se posait plus la question. Et si tu veux, bon, une fois, deux fois, trois fois, tu te dis, pur, ça fait beaucoup quand même. Parce qu'on avait tous une pression de fou. Et surtout, voilà, moi, j'étais quand on a vécu un rachat par une grande entreprise internationale, etc. Franchement, tout le monde était sur la sellette, je vais dire, du matin pour le soir. Donc, on se laissait parfois aller à ce genre de choses. Mais, j'allais dire, sur du racisme, sur du sexisme aussi. C'était fou. C'était fou. Alors, il y a de plus en plus de femmes dans l'Haiti. Nous, en ESN, on est de plus en plus aussi au niveau des managers. Très clairement, c'est un métier qui s'est énormément féminisé. On était vraiment en majorité sur le plateau digital. Et donc, on peut s'attendre à ce que le sort des consultantes soit quand même un peu plus rose que dans certains secteurs, notamment, je pense, c'est à peine caricatural, dans l'industrie, parfois, c'est un peu compliqué. Donc, dans le digital, en général, on s'en sort mieux. Mais, on avait quand même la fâcheuse tendance à recourir à la facilité et, si jamais, encore une fois, on avait des consultantes qui étaient sans mission, on avait pour habitude de les faire passer vraiment en mode peau de fleur chez certains clients qu'on connaissait bien, voire même en interne sur certains plateaux où on savait très bien qu'elles seraient recrutées au casting physique. Mais, ce n'est pas rare. Ce n'est pas rare. Moi-même, je me suis laissée aller à ça bêtement. Alors, je savais que la personne ne couvrait aucun risque, mais c'est un client un peu compliqué. Il nous virait tout le temps tous les consultants qu'il avait eus. Et puis, un jour, je me suis dit je vais lui mettre une nana et il va être content. Et en effet, il n'a jamais eu de problème. Mais voilà, c'est, encore une fois, le client héros. Mais bon, c'est ce que je te dis, c'est qu'au bout d'un moment, je n'étais plus alignée avec ce que je faisais et ce que je commençais à penser. Je me disais mais purée, tu ne peux pas faire ça. Et puis, en fait, tu te laisses taper. Donc, heureusement, ce n'est pas partout pareil et je dirais, il faut aussi faire la part des choses. C'est-à-dire que pour un consultant, ce que je trouve important, c'est d'être droit dans ses baskets. C'est-à-dire que la compétence physique, ça fait partie du jeu, de la vie. C'est comme ça. Bon, soit tu t'y fais, soit tu refuses complètement d'être dans une logique ESN où forcément, tu vas passer devant des clients un peu toute la journée. Et puis, c'est ce qui va fatalement se passer. Donc, c'est ce que j'ai fait. C'est ce que j'ai fait. C'est ce que j'ai fait. Et puis, c'est ce qui va fatalement se passer au bout d'un moment. Donc, voilà. C'est... Encore une fois, il faut bien poser des questions, voir où on met les pieds. Et puis, si on se sent pas à l'aise, je vais dire, on est dans l'Haïti, on peut changer de boîte assez facilement. Il ne faut pas s'en priver.
0:25:44 à 0:27:24 Guillaume Vendé :
C'est quand même édifiant, en fait, pour tout te dire ce que tu me racontes. Et je dois dire, on sait qu'il y a du racisme et du sexisme dans nos sociétés, qu'il y a plein de problèmes par rapport à des minorités. Et je pense aussi aux personnes en situation de handicap. Mais effectivement, quand on y est confronté, dans la situation dans laquelle tu es, j'imagine à quel point ça doit être compliqué. Parce que là, on est tous les deux un peu à l'aise derrière un podcast sans avoir trop de soucis pour nous engager à tenir des propos. Mais effectivement, quand tu es dans une situation professionnelle où tu engages une partie du chiffre d'affaires, une partie de la vente, finalement, tu te fais vite, j'imagine, embarquer dans ce sentiment-là. Et c'est un peu la question que je voulais te poser juste derrière, même si tu as partiellement répondu déjà dans la manière dont tu présentes les choses. Est-ce que tu penses que tout ça, c'est systémique et que la nature même de mettre à disposition des compétences humaines dans une entreprise vendue par une autre entreprise fait que nécessairement, il y aura ces travers-là ? Ou est-ce qu'on peut imaginer qu'il y ait des environnements qui font plus que se prétendre comme étant éthiques et peuvent fonctionner durablement en luttant contre ces travers-là ? J'imagine qu'il y en a plein qui le promettent, mais pour qui, ça ne se vérifie pas forcément. Tu vois, est-ce que tu penses qu'il y a une solution presque dans la société et dans le monde professionnel qu'on pourrait appliquer à tout ça ou est-ce que c'est perdu d'avance ? Quelque part, quand tu dis qu'il faut savoir que ça fait partie du jeu dans le monde de l'IT, ça donne presque l'impression que tu t'es résigné et que ça te paraît insurmontable. Mais je ne sais pas si c'est uniquement une fatigue de ta part ou une révision.
0:27:24 à 0:29:02 Marlène Vaur Henel :
Oui, aussi, dans le sens où moi, je l'ai vu autant de la part de mes collègues, de mes hiérarchies que de mes clients. C'est-à-dire que je l'ai vu partout. Et j'ai vu aussi des clients extrêmement bienveillants qui étaient les premiers à dire « Si, si, limite, envoyez-moi les femmes voilées parce que je sais que c'est difficile pour elles sinon. » Mais vraiment. Et c'est vrai qu'il y a eu des moments où je me suis dit « Non, non, c'est pas possible. C'est pas possible. C'est pas possible. C'est pas possible. C'est pas possible. C'est pas possible. C'est pas possible. C'est pas possible. C'est pas possible. » Et donc, moi je vois ça aussi de la part comme difficulté inhérente à la très grande entreprise qui peut faire tout ce qu'elle veut pour afficher un beau discours d'inclusion, etc. À partir du moment où, à la fin, c'est un actionnaire qui décide pour son portefeuille « Plus rien ne tient. » C'est-à-dire que on faisait – c'était effrayant – on pouvait avoir un lundi « Allez, maintenant, on est éthique. On ne fait vraiment que des recrutements qualitatifs. Le vendredi, les chiffres tombent. Ils sont mauvais. Puis, on arrête tout. » Donc, c'est le changement de mentalité peut-être qui peut venir sur la petite entreprise ou sur la petite entité au sein d'une grande entreprise. Mais tant qu'on fera ce que j'appelle de l'excel management, c'est-à-dire vraiment uniquement managé par du chiffre, c'est-à-dire qu'il y aura un changement de mentalité qui peut venir sur la petite entreprise ou sur le terrain. Si tu veux, quand on manage comme ça, on ne voit plus les personnes. On ne voit que des gouffres financiers, des lignes sur un tableau. Mais après, est-ce que c'est possible ?
0:29:02 à 0:29:03 Guillaume Vendé :
Tu vois,
0:29:03 à 0:29:05 Marlène Vaur Henel :
c'est là aussi la question
0:29:05 à 0:29:35 Guillaume Vendé :
parce que ça parait juste une histoire de décision et d'éthique. Est-ce que c'est viable ? En fait, elle est là aussi la question. C'est que tu dis, tant qu'on fera de la gestion par Excel, c'est-à-dire de mettre en face des charges des revenus, donc sommairement voir les choses comme ça. Mais après, je me fais l'avocat du diable. Peut-être que tu te dis si tu fais une gestion des gens éthiques, humaines et basée sur les compétences et dans la valorisation de l'individu, ça ne marche pas financièrement. Peut-être que ça ne marche pas.
0:29:35 à 0:29:46 Marlène Vaur Henel :
Tu vois, je ne me rends pas compte. Alors, disons que ça peut être perçu qu'effectivement, ça ne marche pas à court terme. Mais parce que, effectivement... À la semaine,
0:29:46 à 0:29:47 Guillaume Vendé :
ça ne marche pas.
0:29:47 à 0:29:54 Marlène Vaur Henel :
Voilà. C'est-à-dire qu'il y a eu un moment où, très clairement, le turnover faisait partie du business model.
0:29:54 à 0:29:58 Guillaume Vendé :
C'était dans l'ADN. C'est comme une entreprise qui perd des clients de manière récurrente,
0:29:58 à 0:30:08 Marlène Vaur Henel :
il l'a intégré et il fait avec. Voilà. J'allais dire, même en termes de... C'est un peu partout pareil, mais même en termes de risques sociaux, par exemple, de prud'homme,
0:30:08 à 0:30:09 Guillaume Vendé :
c'était budgeté.
0:30:09 à 0:31:50 Marlène Vaur Henel :
C'était identifié dans le volume des risques. Et je vais te dire autre chose. Et là, je retourne un peu la situation, c'est-à-dire que malgré des situations qui étaient parfois vraiment hyper tendax, j'ai rarement eu... J'ai eu une fois quelqu'un qui est venu se plaindre. Parce que les gens... Enfin, voilà, les consultants, j'allais dire, ils laissent passer. Et puis, si ça ne leur va pas, effectivement, ils démissionnent, mais sans jamais faire remonter vraiment un mal-être, etc. Sauf que... Est-ce que... Vraiment, on construit une entreprise comme ça ? On a des entreprises qui se construisent effectivement comme ça, mais je trouve que ça n'a pas de valeur particulière à part pécuniaire, mais bon, ok. Mais j'allais dire, même pour les consultants, même les salariés des entreprises, est-ce que vraiment, c'est une manière de se construire, de dire juste, je laisse couler ? Et j'allais dire, moi, j'étais la première à laisser couler en partant. Et après quelques temps de réflexion, je me suis dit, non... Enfin, j'avais déjà ça dans la tête longtemps, mais je me suis dit, non, mais il faut quand même mettre la petite pierre à l'édifice de bien dire que ça ne tourne pas rond. Et maintenant, la solution, quelle est-elle ? J'allais dire, je n'ai sans doute pas mon niveau, mais chacun doit intervenir autant au niveau des hiérarchies avec des gens qui s'engagent véritablement sur des résultats qui ne sont pas que financiers, mais qui sont aussi vraiment de la valeur humaine. Et puis, ceux qui sont lésés, ils ne doivent pas hésiter à le faire remonter. C'est... Voilà, chacun doit... Mais bon, j'allais dire, on commence dans une culture où ça se fait de plus en plus. Et voilà. Et donc, j'irai pour le mieux, très clairement.
0:31:50 à 0:31:59 Guillaume Vendé :
Bon, écoute, merci. Je mentionnais très brièvement aussi les situations de handicap. Tu semblais réagir. Je ne sais pas si tu voulais greffer des anecdotes ou juste parce que tu confirmais la situation.
0:31:59 à 0:32:34 Marlène Vaur Henel :
Oui, c'est très difficile. C'est très difficile. En ESN, encore une fois, il faut... Disons qu'en tant que recruteur, je veux dire, moi, je suis pas mal recrutée quand même, je me posais toujours la question, est-ce que la personne que j'ai en face de moi va fitter avec un client ? Et je pouvais avoir des doutes par rapport à plein de choses, par rapport à des compétences, etc. Mais aussi, par rapport à la capacité de s'intégrer dans une équipe, ne serait-ce que sur des choses très bêtes. C'est-à-dire, mon client, s'il fait appel à moi, c'est pour pas être embêté par plein de sujets, y compris sociaux. C'est-à-dire qu'il n'a pas
0:32:34 à 0:32:35 Guillaume Vendé :
besoin de recruter,
0:32:35 à 0:32:50 Marlène Vaur Henel :
il n'a pas besoin de virer. Donc, si ça ne va pas, il se gêne pas. Mais si je lui amène une solution qui, potentiellement, dans sa tête, est un problème, du style, je sais pas, est-ce que, super, je vais devoir lui trouver un siège adapté, ou il entendra très bien
0:32:50 à 0:32:53 Guillaume Vendé :
comment je vais faire. Schématiquement, il est en fauteuil roulant,
0:32:53 à 0:33:34 Marlène Vaur Henel :
mais il y a un accès qui n'est pas... Exactement. Personne n'a mobilité le livre. Forcément, je me posais la question. C'est, OK, comment mes clients vont réagir ? Et on prenait un peu de... Oui, on ne se sentait pas forcément de joie en voyant une personne en situation de handicap. On se disait, voilà, on a eu des réflexions. Moi, dans nos équipes, on n'était pas chez moi, mais on a eu un développeur, un tech leader, d'ailleurs, qui était, malentendant, assez fortement. Et en interne, il était parfait pour aller sur des projets en interne. Et on a un des chefs de projet qui a dit, mais jamais, jamais je prendrai un sourd. Alors que, franchement, le seul problème qu'il y avait,
0:33:34 à 0:33:35 Guillaume Vendé :
c'était qu'il fallait
0:33:35 à 0:34:05 Marlène Vaur Henel :
lui parler en face, c'est-à-dire, la base de la politesse, quand même. Et finalement, c'était fabuleux. Donc, tant mieux. Et puis, j'allais dire, parfois, quand on est face à des gens, on va dire, pas très malins, peut-être pas poussés, effectivement, juste pour faire remarquer qu'effectivement, ce n'était pas la meilleure approche. Et puis, s'ils n'ont pas envie de travailler avec nous, tant pis pour eux. Surtout, quand on a vraiment des compétences communes qui étaient de très belles compétences. Bon,
0:34:05 à 0:34:41 Guillaume Vendé :
merci pour cet éclairage. Je me faisais aussi la réflexion, mais comme je manque de connaissances sur le dispositif Lego et peut-être que toi, tu vas pouvoir m'éclairer si tu le sais, mais je sais que les entreprises, au-delà d'un certain volume de collaborateurs, sont amenées à avoir, je crois, des pénalités s'ils n'ont pas un certain pourcentage de personnes qui sont en situation de handicap. Mais j'imagine qu'évidemment, ça ne s'applique pas quand c'est de la commande de prestations auprès d'une ESN et que ce problème, enfin, cet impact, il n'y a absolument pas de considération de pourcentage
0:34:41 à 0:34:42 Marlène Vaur Henel :
de personnes en situation
0:34:42 à 0:34:44 Guillaume Vendé :
de handicap. Alors là,
0:34:44 à 0:34:57 Marlène Vaur Henel :
je ne sais pas. Pour le coup, je ne savais pas. Là, je ne l'ai plus en tête. Je m'étais un peu renseignée, mais ça ne compte pas forcément. Par contre, nous, ce qui était particulier, c'est qu'on recrutait et on cherchait les RQTH1,
0:34:57 à 0:35:00 Guillaume Vendé :
les personnes reconnaissantes et travailleurs
0:35:00 à 0:35:42 Marlène Vaur Henel :
en situation de handicap. Parce qu'évidemment, on en avait besoin parce qu'on n'en avait pas assez et qu'on payait une blinde de pénalités. Mais encore une fois, je vais te dire, on était vraiment grassement payés quand on recrutait un profil RQTH. Parce que ça faisait du bien à l'entreprise pour plein de raisons, pour payer moins, mais aussi en termes de représentation. Et c'était toute l'ambiguïté. C'est-à-dire qu'après, quand on les avait dans les équipes, il y avait toujours cette question latente. Qu'est-ce qu'on va faire ? Alors, certains, ça ne se voyait pas du tout. C'était vraiment du handicap invisible, etc. Mais en gros, c'est ça qu'on cherchait. C'était cette perle rare. Donc, c'est assez fou à dire comme ça, mais c'était le cas.
0:35:42 à 0:35:43 Guillaume Vendé :
C'est dingue.
0:35:43 à 0:35:44 Marlène Vaur Henel :
J'imagine que ça doit être
0:35:44 à 0:35:57 Guillaume Vendé :
effectivement assez compliqué. Et puis après, c'est l'éternel arbitrage. C'est terrible de faire la comparaison, mais est-ce que ça coûte plus cher d'avoir des amendes liées au problème de stationnement que de payer le parking ? C'est terrible de se poser la question
0:35:57 à 0:35:58 Marlène Vaur Henel :
sous cet angle-là,
0:35:58 à 0:36:19 Guillaume Vendé :
mais ça donne une image. J'avais prévu, dans le conducteur, on en avait partagé avant, Marlène, est-ce que toutes les ESN se valent ? Probablement non, mais je ne sais pas si tu voulais développer ce point-là. J'ai l'impression quand même que la réponse est un peu triviale et que non, toutes les entreprises de ce type ne se valent pas et qu'il y en a qui sont plus agréables à vivre que d'autres.
0:36:19 à 0:39:22 Marlène Vaur Henel :
Oui, juste pour préciser, j'allais dire qu'évidemment, dans les très grosses, encore une fois, il ne faut pas faire que la différence très grosse ESN et petite PME où ce serait plus beau, etc. Je pense que chacune a ce type de fonctionnement, chacune a ses clients différents. Il faut, si on est un jeune ou moins jeune, qu'on s'intéresse à une ESN, il faut surtout se demander quel est son objectif à soi. C'est-à-dire qu'une ESN généraliste, comme dans laquelle j'étais, n'a pas vocation à trouver des missions pour des profils extrêmement spécifiques comme des gens qui maîtrisent un logiciel de comptabilité particulier ou qui font de la BI de très haut niveau ou de la cyber vraiment très spécifique. Donc, si quelqu'un a ce profil-là, cette envie-là, ce n'est même pas la peine d'aller chez un généraliste, ça va foirer. Et en plus, en général, on ne trouvera pas des bonnes missions, etc. J'ai eu des consultants comme ça ou même se poser des questions sur eux alors qu'en fait, non, c'était juste un mauvais positionnement. Mais par contre, il y a d'autres ESN où c'est à fond sur des produits très spécifiques ou sur des talents. Les consultants sont très formés parce que, justement, ces ESN-là vendent le top du top du consultant. Et pour des jeunes, ça permet d'évoluer très vite parce qu'on est accompagnés par des seniors ultra performants. Et pour les seniors, ça permet de prendre beaucoup de valeur, de faire des missions intéressantes, d'être reconnus pour sa compétence. Donc, ça dépend vraiment de chacun. Mais j'allais dire, même dans mon ESN un peu un peu border, même parfois beaucoup border, j'avais quand même des consultants qui faisaient des carrières extraordinaires. J'en ai eu dans mes équipes. Il faut juste se poser la question, qu'est-ce qu'on veut à tel moment ? Par exemple, moi, j'ai eu un consultant qui s'est retrouvé à travailler pour un très grand nom du ferroviaire, à paramétrer, enfin, à faire tous les tests de paramétrage sur un projet de métro qui était complètement pharaonique. Et voilà. Et donc, il était par monde et par voie à travers le monde régulièrement. Et la folie, c'était que les gens qui étaient en interne de cette boîte n'avaient pas accès à ce genre de mission. C'était réservé aux externes. Et donc, voilà, il n'aurait jamais eu cette opportunité-là ailleurs que dans une ESN. J'avais des... On en avait d'autres qui étaient là depuis très longtemps, mais nous, on les appelait les stars, entre guillemets. C'était nos pépites. Et eux, ils n'avaient jamais de problème. Ils avaient toujours leur formation, les augmentations et ils étaient très bien valorisés. Après, le reste, j'allais dire, de profils qui étaient un peu plus... C'est très vulgaire de dire ça, mais ils passent partout, mais qui étaient
0:39:22 à 0:39:50 Guillaume Vendé :
vendus comme ça aux clients pour quelques élus dans ce genre d'ESN. Pour commencer à conclure, Marlène, vu tout ce que tu as géré au vu de tous les dossiers que tu peux être amenée à superviser, est-ce que tu aurais des conseils, des astuces à transmettre dans ce podcast, peut-être des pièges à éviter aux personnes qui seraient intéressées pour bosser dans cet univers-là tout simplement
0:39:50 à 0:39:51 Marlène Vaur Henel :
sur la constitution
0:39:51 à 0:39:55 Guillaume Vendé :
de leur profil ? C'est quoi le CV idéal ? Alors,
0:39:55 à 0:39:59 Marlène Vaur Henel :
le CV idéal, il n'existe pas parce que le CV,
0:39:59 à 0:40:00 Guillaume Vendé :
ça ne sert à rien.
0:40:00 à 0:40:17 Marlène Vaur Henel :
Celui qui est fait par Tchad GPT ? Non, surtout pas. Non, en vrai, le CV, ça ne sert à rien, quasiment. Ou alors, vraiment dans des cas très précis. Je vais te dire pourquoi, c'est assez simple. Il y a une image comme ça,
0:40:17 à 0:40:19 Guillaume Vendé :
on dit que les recruteurs
0:40:19 à 0:40:29 Marlène Vaur Henel :
passent en moyenne six secondes sur un CV. Oui, je connais ce chiffre clé. Donc, il y avait des recruteurs qui étaient
0:40:29 à 0:40:30 Guillaume Vendé :
très formatés
0:40:30 à 0:40:59 Marlène Vaur Henel :
comme ça parce que déjà, on avait besoin de recruter beaucoup. Et en plus, on était formatés comme ça aussi parce qu'il y avait beaucoup de chargés de recrutement qui étaient assez mal formés, qui ne comprenaient pas vraiment le métier des consultants. Ce n'était pas de leur faute. Vraiment, on ne les formait pas et parfois, il y avait des recruteurs qui n'étaient pas vraiment à ce moment-là. Et puis,
0:40:59 à 0:41:00 Guillaume Vendé :
mon mari,
0:41:00 à 0:43:37 Marlène Vaur Henel :
maintenant, était dans l'Haiti. Donc, si tu veux, j'ai été formé à bonne école. Donc, forcément, les chasseurs de tête, on les cale sur du mot clé. Donc, ils fonctionnent en mot clé. Et je vais te dire, les job boards, les fameux job boards nouveaux, je ne vais pas donner le nom, mais bon, tout ce qui est très à la mode et donc, ne tombez pas dans ce piège du mot clé parce que c'est vraiment le plus terrible. C'est-à-dire que c'est très dévalorisant. On ne peut pas résumer une compétence d'un ingénieur qui a 5 ou 10 ans d'expérience par 3 ou 4 mots clés, un salaire et une ville de résidence. C'est assez ridicule et pourtant, c'est comme ça que ça se passe. Donc, pitié, pas de CV et de toute façon, je vais dire, même sans CV, on ira vous chasser et donc, si vraiment, vous avez envie de postuler quelque part, j'allais dire OSN, pas SN, réfléchissez bien déjà à votre projet. Réfléchissez bien à votre valeur ajoutée, c'est-à-dire ce que vous faites et ce que les autres ne font pas. C'est-à-dire, c'est quoi votre spécificité, c'est quoi ce que vous voulez faire et pas ce que vous voulez qu'on vous fasse faire. Et à partir de là, éventuellement, vous pouvez repérer des entreprises qui vous intéressent, des sujets qui vous intéressent. Je veux dire, ne serait-ce que sur LinkedIn, vous allez voir sur les compétences et puis, si vous devez faire un CV, c'est en candidature spontanée. Commencez par ça. Commencez par ça. Franchement, vu la pénurie de talents, moi, ça me semble tout à fait pertinent de contacter, de regarder les posts des gens sur LinkedIn dans une entreprise qui vous intéresse, sur des sujets qui vous intéressent, de se mettre en relation avec un responsable de département ou des recruteurs dans des entreprises qui vous intéressent et puis, de leur dire écoutez, est-ce qu'on peut échanger un peu ? Je suis dispo, votre entreprise me paraît très bien, j'ai telle compétence, est-ce que vous voulez qu'on discute ? Mais, ça peut vraiment marcher. Ça peut vraiment marcher. Il ne faut pas hésiter. Et puis bon, après, si vraiment vous avez envie d'être harcelé jour et nuit, même le week-end par des chasseurs de tête, vous pouvez mettre votre CV en ligne sur un job board. Ne vous inquiétez pas, vous allez faire péter votre messagerie et c'est, voilà. Pour moi, ça, c'est occuper son emploi du temps, en fait. Ça permet de se valoriser, sans doute, en se disant qu'on est très, très recherché, mais pourquoi est-ce qu'on est recherché souvent pour faire du tout venant ? Voilà, si on veut vraiment faire des choses très particulières,
0:43:37 à 0:43:38 Guillaume Vendé :
très,
0:43:38 à 0:43:43 Marlène Vaur Henel :
j'allais dire, basiquement, haut de gamme, très technologique, très épanouissante,
0:43:43 à 0:44:29 Guillaume Vendé :
innovante. Peut-être pas commencer par un job board. Bon, c'est un bel enseignement. Mais vous n'allez peut-être pas signer pour l'épanouissement le plus total. Donc, c'est la différence entre la qualité et la facilité, sans doute. Merci infiniment. Marlène, je ne doute pas que cet épisode va peut-être laisser place à des réactions, à des témoignages. Et évidemment, si c'est le cas, surtout, n'hésitez pas. D'ailleurs, j'en profite pour dire que vous pouvez, bien évidemment, vous rendre sur techcafé.fr et déposer un commentaire sur l'article qui accompagne les épisodes de Techcafé, les comptes qu'il y a sur les réseaux sociaux. Mais peut-être aussi que les gens vont vouloir te contacter, Marlène, te suivre. Est-ce que tu peux tout simplement nous donner quelques points de contact numériques où on pourrait te retrouver,
0:44:29 à 0:44:50 Marlène Vaur Henel :
où on pourrait interagir avec toi ? Oui, déjà, je suis sur LinkedIn. Donc, je pense que c'est un moyen assez simple de prendre contact avec moi puisque je suis en train de monter mes réseaux. C'est vraiment le début. Donc, on laissera vraiment tout ça dans les commentaires. Je n'ai pas non plus envie d'être noyée. Ne m'appelez pas pour faire votre CV,
0:44:50 à 0:44:55 Guillaume Vendé :
pitié. Ils ont compris que ça ne servait à rien. Donc, ne t'en fais pas.
0:44:55 à 0:45:05 Marlène Vaur Henel :
Au pire, ils vont demander à Tchatché péter. Non, non. Déjà, sur LinkedIn, c'est très bien. Et puis, oui, je mettrai en ligne
0:45:05 à 0:45:10 Guillaume Vendé :
mon blog et puis les gens pourront me retrouver comme ça. Au moment où on enregistre
0:45:10 à 0:45:22 Marlène Vaur Henel :
cet épisode et au moment où il paraîtra, ton blog ne sera pas encore en ligne si je ne dis pas qu'il n'est pas encore en ligne. Tu vas me mettre un petit coup de pouce. Je suis obligée. Je suis obligée. En tout cas,
0:45:22 à 0:45:49 Guillaume Vendé :
au moment où vous écoutez cet épisode, allez quand même vérifier dans les notes parce que peut-être qu'entre-temps, Marlène aura appuyé sur le bouton et que le site sera dispo. Vous savez que vous pouvez vous rendre sur LinkedIn. Écoute, un grand merci. Je t'ai trouvé extrêmement à l'aise dans ce sujet. Je pense que vraiment, c'est la démonstration que tu le maîtrises et que tu as beaucoup apporté à tout ça en plus avec le sourire. Donc, un grand merci d'avoir passé ce petit temps en ma compagnie, Marlène.
0:45:49 à 0:45:51 Marlène Vaur Henel :
J'espère que je n'ai pas démoralisé trop de monde.
0:45:51 à 0:46:45 Guillaume Vendé :
Eh bien, nous le dirons et je ne sais pas. Quelque chose me dit que non et que c'est mieux d'apporter de l'éclairage sur ce qui se passe pour mieux le vivre, mieux l'affronter ou mieux l'appréhender ou peut-être, pourquoi pas, pour les plus motivés, tenter de le faire bouger même si j'ai compris que c'est l'affaire un petit peu de tous et je pense que c'est aussi comme ça En attendant, je rappelle à nos adorables auditeurs et à ceux qui découvriraient peut-être le podcast qu'en plus, Tech Café est aussi financé par une plateforme de socio-financement. Donc, si jamais vous avez trouvé cet épisode intéressant, écoutez déjà les autres parce que cet épisode n'est pas forcément le format habituel et récurrent, même s'il y a de plus en plus de portraits. Si vous aimez en tout cas les résumés de l'actu tech hebdomadaire et que vous aimez le ton du podcast, rendez-vous sur patreon.com et vous pourrez vous engager de nouvelles possibilités chaque mois et vous profiterez d'ailleurs du flux du podcast sans la pub. Merci Marlène !
0:46:45 à 0:46:45 Marlène Vaur Henel :
Avec grand plaisir !