Transcription automatique de l'épisode 323supp

Via Whisper (OpenAI), faster-whisper (github/guillaumekln) et Pyannote-audio (github/pyannote). Basé sur une idée de Ruhollah Majdoddin.



0:00:00 à 0:00:44 Guillaume Vendé :
Salut à toutes, salut à tous, bienvenue dans cet épisode très spécial au format dossier et interview pour TechCafé en partenariat avec l'Unedic. On va parler d'Open Data, je sais qu'une partie d'entre vous sait ce que c'est, une partie d'entre vous pense savoir ce que c'est, peut-être à tort, on va voir ensemble pourquoi adopter une stratégie Open Data, comment faire quand on souhaite sauter le pas. Je suis Guillaume Vendée, podcasteur technophile enthousiaste et pour cet épisode, j'ai l'immense plaisir d'accueillir Vincent Roberti. Bonjour Vincent.
0:00:44 à 0:00:46 Vincent Roberti :
Bonjour Guillaume, merci pour l'invitation.
0:00:46 à 0:01:28 Guillaume Vendé :
Ça fait très plaisir d'échanger ensemble. Vincent, tu es directeur des services numériques et de la stratégie de la donnée, voilà le titre exact de ton poste. Tu vas voir beaucoup de choses à nous apprendre sur l'Open Data et c'est assez intéressant parce que j'aime bien rappeler que TechCafé parle de tech et des enjeux de société. Là, je pense qu'on est très concrètement dans une illustration de cette approche-là. On va prendre appui sur ce qui a été fait à l'Unedic parce que vous avez mis en place une démarche que je qualifierais de mon côté assez ambitieuse et puis qui a une véritable raison d'être. Avant d'aller plus loin, je suis sûr qu'une partie des auditeurs sont en train de se dire mais c'est quoi l'Unedic ? Alors, dis-nous Vincent, de quoi s'agit-il quand on parle de l'Unedic ?
0:01:28 à 0:02:07 Vincent Roberti :
C'est une très bonne question. Beaucoup de personnes ont des fausses idées, finalement, sur ce qu'est l'Unedic, qui est aujourd'hui un nom propre à part entière. Donc, c'est l'association qui gère l'assurance chômage en France. Son ADN, c'est vraiment de protéger le parcours professionnel de tous les actifs. Et ce qui en fait sa spécificité, c'est qu'elle est pilotée par les partenaires sociaux. Ce n'est pas un opérateur étatique, on est avec les représentants des salariés, des 27 millions de salariés français et les représentants des employeurs, des 2 millions des employeurs français. Donc, on est vraiment, pour ce qui est de l'Unedic, au cœur de cet écosystème de
0:02:07 à 0:02:08 Guillaume Vendé :
l'emploi.
0:02:08 à 0:02:36 Vincent Roberti :
Et alors, évidemment, on travaille avec les opérateurs, que ce soit Pôle emploi, qui sont en lien direct avec le demandeur d'emploi, ou avec les URSAF qui eux vont collecter les cotisations chômage. Et l'Unedic est là pour justement faire en sorte de définir les règles d'assurance chômage, de garantir son financement et de veiller à sa performance, aux fameuses performances du régime de l'assurance chômage. Donc, voilà, ça permet de mettre tout le monde autour de la table et de discuter et d'avancer sereinement.
0:02:36 à 0:04:13 Guillaume Vendé :
On va reparler évidemment en détail de votre démarche. Je me dis finalement, si on ne connaît pas tant l'Unedic en tant que grand public, c'est peut-être parce qu'on n'est pas amené à être en interface avec vous. On est en interface potentiellement avec Pôle emploi, avec d'autres acteurs au niveau de la France, mais pas forcément avec l'Unedic. Je pense que ça participe évidemment à ce manque de connaissances et de notoriété pour le grand public. On va donc parler d'Open Data. Juste avant, je me dois de vous faire des petits rappels parce que si vous n'avez pas encore évalué Tech Café sur Apple Podcast, Podcast Addict ou même sur Spotify, alors bon, on t'avoue, mais vous pouvez vous rattraper. En plus, c'est super facile. Je vous invite à le faire en allant déposer quelques étoiles comme l'a, par exemple, fait Tero R. Il dit de Tech Café, c'est une incroyable source d'info, un podcast où vous êtes sûr d'apprendre quelque chose, même si vous êtes tech addict, donc vraiment passionné tech. C'est l'ambition aussi de cet épisode. Je pense de vous apprendre des choses, même si vous êtes fan de tech. Grâce à l'Unedic, on va mieux vous faire comprendre ce que c'est l'Open Data. Alors moi-même, je dois dire quand on a préparé cet épisode et quand on a fait nos premiers échanges, je me disais oui, oui, l'Open Data, je vois bien ce que c'est. C'est la mise à disposition des données auprès du grand public pour pouvoir les retravailler, etc. Mais en fait, alors oui, c'est un peu vrai, mais c'est extrêmement réducteur et j'ai pas mal approfondi mes connaissances en préparant cette émission avec toi, Vincent. Donc, j'espère évidemment que ce sera votre cas à vous qui nous écoutez. Alors, justement, sans autre forme de procès, on va parler de tech et en particulier d'Open Data. Question assez simple finalement, Vincent, si on se reposait un petit peu les bases, la définition, c'est quoi ? En quoi consiste l'Open Data ?
0:04:14 à 0:04:31 Vincent Roberti :
Pour faire très simple, l'Open Data, c'est faciliter la réutilisation de données ouvertes qui sont mises à disposition. Et le vrai point important, c'est faciliter, c'est faire en sorte qu'il y ait de la circulation de cette donnée.
0:04:33 à 0:04:45 Guillaume Vendé :
Je te coupe, mais sans Open Data, comment on fait pour avoir de la donnée ? On sollicite les acteurs, les associations, les entreprises, on leur envoie des mails, on espère qu'il y ait quelqu'un qui répondent, ils ne sont pas forcément enclins à donner la donnée, c'est ça ?
0:04:45 à 0:06:25 Vincent Roberti :
C'est un peu ça, il n'y a pas de norme, il n'y a pas de cadre. Sans Open Data, ce serait le Far West. Ce serait soit le plus fort, soit celui qui a le plus d'argent, qui récupérerait les données et qui mettrait en place des services ensuite derrière ou des analyses ensuite derrière. Comme je te l'ai dit, ce n'est pas le Far West, ça permet de cadrer les choses, ça permet d'avoir des règles, d'avoir des licences de partage. C'est une façon de mettre à disposition, finalement, une manière maîtrisée, avec des règles, des données qui sont communiquées et on ne cherche pas forcément à savoir ce qui va être fait avec. Là, on est vraiment dans de l'altruisme de la donnée. On a de la donnée qu'on maîtrise, c'est la nôtre. Ça aussi, c'est un point important. On ne partage pas la donnée des autres, on partage notre donnée. Donc ça, c'est un point important. Aujourd'hui, à l'UNEDIC, c'est plutôt des données statistiques et de données évidemment sur l'assurance chômage. Donc ce sont ce type de données-là qu'on va partager, comme l'historique des taux de contribution. Mais voilà, il y a énormément de règles qui s'y appliquent. Les règles existantes, la conformité au RGPD, la CNIL qui regarde ce qui est fait, le secret statistique évidemment, la protection de la vie privée, elle est là. Et puis, il y a tous les secrets industriels, commerciaux, propriétés intellectuelles détenues par un tiers. Secrets défense, sûreté de l'État, évidemment, l'Open Data, c'est aujourd'hui ouvert à tout le monde, entre guillemets, au niveau du service public doit s'y coller de par la Loi pour une République numérique de 2016. Mais c'est fait en toute connaissance de cause, c'est fait avec du cadrage, c'est fait avec de la maîtrise et c'est fait en respectant la conformité de la réglementation. Donc, on est très loin d'être dans le Far West, on est dans quelque chose, bien au contraire, de très structuré.
0:06:26 à 0:06:50 Guillaume Vendé :
Ok, tu parles d'altruisme. Finalement, ça a l'air d'être, c'est quoi, c'est une lubie qu'on peut avoir. Évidemment, tu comprends bien que ma question vise à aller plus loin. C'est quoi la démarche qui vise à mettre à disposition de la donnée ? C'est simplement un dirigeant qui s'est dit au bout d'un moment, bah tiens, finalement, on a de la donnée, mettons-la à disposition, c'est plutôt cool. C'est quoi la volonté derrière ?
0:06:51 à 0:08:08 Vincent Roberti :
La volonté derrière, c'est qu'on n'attend pas de retour en contrepartie. Tu vas me dire, mais c'est bizarre, normalement, quand on a une donnée qui serait une valeur, et on en parlera peut-être dans les freins à la mise en place de l'Open Data, pourquoi on ne vend pas cette donnée et on se fait de l'argent plutôt avec cette donnée ? Pourquoi on la laisserait librement accessible sans contrepartie ? Et c'est toute la démarche d'Open Data qui est aussi en relation avec cette démarche d'open source avec le code informatique. Il y a une logique aussi de transparence, de confiance, de paternité et d'altruisme dans le sens où c'est la circulation de la donnée qui va donner réellement la valeur à cette donnée. Ce n'est pas le fait de le vendre une fois, deux fois, qui va faire cette valeur. C'est le fait qu'elle circule à des endroits où le producteur, le certificateur de la donnée n'y aurait même pas pensé. On laisse la société civile, finalement, se libérer de cette donnée essentielle pour produire de la valeur. Aujourd'hui, on ne peut faire aucun service à valeur ajoutée sans data.
0:08:08 à 0:08:37 Guillaume Vendé :
C'est intéressant l'analogie que tu fais sur l'open source dans le développement. Je pense qu'il y a évidemment des gros parallèles à établir dans les deux démarches, avec probablement des mêmes objectifs et des mêmes approches. En quoi ça consiste, la mise à disposition de la donnée et la démarche open data pour l'Unedic ? Il y a un site, peut-être que tu peux en toucher quelques mots, de comment retrouver la donnée avec l'URL. Et surtout, vous avez fait une approche en deux volets.
0:08:37 à 0:10:06 Vincent Roberti :
Oui, on a une approche qui est assez pratico-pratique, dans le sens où on partageait déjà de la donnée avant, mais au travers de publications, au travers d'études plutôt en mode PDF, parfois avec quelques fichiers Excel par-ci, par-là. Mais c'était éparpillé sur notre site classique, unedic.org. Et aujourd'hui, on a organisé finalement l'accès aux données au travers d'un site raccroché qui s'appelle data.unedic.org. C'est assez simple. Et on verra qu'on est un peu dans la normalisation aussi de ce type de site-là. Vous verrez des sites data. autres sites des différents secteurs publics faire la même chose. Donc, on n'a rien inventé de ce point de vue-là. Mais par contre, ça permet de centraliser déjà aussi nos tableaux de bord existants et des nouveaux tableaux de bord qu'on a mis en place et de centraliser un portail d'open data qui permet d'avoir accès aux jeux de données organisés, explicités, d'avoir accès aussi par API, parce que l'objectif, c'est de faciliter la réutilisation et d'avoir un accès et une information des données qui soient mises à jour de machine à machine. Parce que l'objectif, ce n'est pas une photo, c'est d'avoir des data, des jeux de données qui se mettent à jour au fil de l'eau, au fil de la vie, de l'assurance chômage. Et c'est ça qui est intéressant aussi, c'est que ça permet d'avoir des réutilisateurs qui vont être réalimentés de manière automatique avec les nouvelles données.
0:10:06 à 0:10:49 Guillaume Vendé :
Donc, en tout cas, data.unedic.org, c'est l'URL où on retrouve la démarche quelque part open data et surtout, évidemment, les données avec cet aspect de norme. Donc, évidemment, je retiens aussi le fait qu'il faut mettre à disposition cette donnée de manière coordonnée pour que des développeurs, des personnes, des entités qui sont amenés à réexploiter les données soient capables de les réexploiter facilement comme ils ont l'habitude de le faire. Et puis, vous avez donc des tableaux de bord qui sont quelque part un peu clés en main. Quand on veut mettre en avant une information, on n'a pas tout le travail de réappropriation de l'information à faire. C'est qui les utilisateurs, les cibles que vous avez dans cette démarche open data ? Qui sont les entités ou les personnes qui sont amenées à prendre de la donnée et à l'utiliser ?
0:10:49 à 0:12:06 Vincent Roberti :
Évidemment, on a fait un travail de ce point de vue-là et aujourd'hui, nos cibles prioritaires, c'est clairement dans un premier temps les acteurs du marché de l'emploi, que ce soit les opérateurs type Pôle emploi, Demain France Travail, l'Ursa Fiscale Nationale, les experts de l'emploi, toutes les institutions publiques qui sont nos pairs, qui font de la statistique, que ce soit l'INSEE, l'ADARES, qui ont aussi leur propre portail open data, mais avec leur chiffre à eux, validé par eux. Mais ils peuvent tout à fait venir, toutes les administrations ministérielles, les ESPER, les statisticiens, les économistes des autres pays, les organismes paritaires évidemment, tout ce qui est organisation syndicale et patronale et les médias. Je pense que ça fait partie des choses extrêmement importantes aussi, c'est d'être aussi un fournisseur de données pour toute cette personne-là. Et puis, dans un sens beaucoup plus lointain pour nous, on a évidemment le grand public, mais justement, l'open data permet de ne pas choisir. Nous, on a nos cibles prioritaires, donc notre discours est fait pour cette cible prioritaire, mais n'importe qui qui est intéressé par les données ou par les statistiques et qui travaille dans son coin, peut avoir accès à ces données aussi. C'est complètement libre, c'est la partie open qui est équivalent à l'open source. C'est ouvert, voilà, c'est ouvert et c'est validé.
0:12:06 à 0:13:27 Guillaume Vendé :
Je crois que ça va parler probablement aux auditeurs qui sont amenés à développer des solutions, de se rendre compte à quel point c'est facilitant d'avoir des acteurs de la société qui ont cette démarche-là, parce qu'on a les clés et surtout l'information qui est facilement réexploitable. Et évidemment, ça crée une émulsion plutôt positive dans le développement des solutions pour le grand public. Et je crois que tu as mis le doigt aussi sur un truc qui, moi, m'intéresse évidemment beaucoup et qui intéresse beaucoup les personnes qui nous écoutent dans Tech Café, c'est la lutte contre la désinformation pour les fact checkers, notamment. On peut parler des data journalistes. On va parler un tout petit peu après de pourquoi adopter une démarche open data. Mais quelque part, je pense qu'on commence à toucher du doigt un petit peu le fait que ce n'est pas simplement une lubie et pas simplement une philosophie non appliquée, mais que c'est vraiment une démarche qui a des conséquences très concrètes pour le grand public. Écoute, je pense qu'on a bien défini ce que c'était qu'une démarche open data. Et moi, à ce stade de la préparation de l'épisode et de notre entretien, j'ai le sentiment d'y voir déjà beaucoup plus clair. Mais je crois que c'est aussi très intéressant de se poser la question de pourquoi est-ce qu'une entité comme l'Unedic a décidé d'avoir cette démarche open data, presque sur la partie stratégique ? Là, il faut qu'on rentre un petit peu dans votre quotidien, dans vos objectifs et dans votre démarche, tout simplement, je pense.
0:13:27 à 0:16:14 Vincent Roberti :
Alors, tout d'abord, il y a une chose qui est importante à bien mesurer concernant l'Unedic. C'est que même si on est né une association paritaire et non étatique, on est porteur d'une mission publique, l'assurance chômage. Et de ce fait, on est aussi encadré par la loi pour une République numérique de 2016, qui demande à ce qu'il y ait de l'open data qui soit mis en place. Donc, on doit le faire. Voilà, ça, c'est le premier point. Maintenant, c'est est-ce qu'on le fait juste pour répondre à la loi et on ne fait pas plus ? Et où est-ce qu'on l'intègre et on en fait une stratégie ? Évidemment, je ne serais pas là pour en parler et ça ne me passionnerait pas autant, si on ne l'avait pas fait vraiment dans une logique de stratégie. Donc, évidemment, c'est là où je disais qu'on a commencé à travailler sur cette stratégie data, pas que open data, mais data dans sa globalité, avec une approche en trois niveaux, en fait concentrique, cœur, connaissance, conquête. C'est assez simple. Le cœur, c'est les données qui sont vitales pour nous. La partie cyber, la partie loi, réglementaire, législative. Et puis, la partie, finalement, data. Si on n'a pas de data, on ne peut pas faire d'open data. Donc, sans cyber, data et loi, on ne peut rien faire. Donc, c'est la partie cœur. On a une stratégie sur la connaissance. Donc, si on a de la donnée, mais qu'on ne sait pas l'utiliser, on ne sait pas l'expliquer, on ne fait pas de projet avec, même nous, déjà en interne unidique, ça n'a pas trop d'intérêt non plus. Donc, la partie connaissance, c'est travailler sur la pédagogie, expliquer à la fois à nos pairs, aux ministères, aux journalistes, mais aussi aux partenaires sociaux, qu'est-ce qu'on a comme données, qu'est-ce qu'on peut faire avec et comment on peut l'expliquer. Ça va avec les tableaux de bord qui ont été créés par la direction des études et analyses. Ça va par ce qui est effectué, et on en reparlera après, le fait d'avoir recruté un data journaliste au niveau de la direction de la communication. Et puis, il y a la conquête. La conquête, c'est justement, c'est l'open. C'est ne pas se renfermer et dire, tout ça, c'est qu'unidique. C'est de dire, aller vers l'extérieur, s'ouvrir au monde. Je pense que c'est dans ce troisième C qu'on a intégré l'open data, cœur, connaissances, conquête, et dans la conquête, c'est de favoriser la circulation de la donnée, se faire connaître, davantage comprendre notre rôle, savoir de quoi on est responsable. Et c'est là où, d'ailleurs, toi-même, tu as découvert un peu ce qu'on était, ce qu'était l'unidique, et ça en fait partie. C'est une façon, pas unique, évidemment, mais c'est une façon de pouvoir faire aussi connaître les travaux de l'unique, connaître, finalement, là où elle a des responsabilités et là où elle va pouvoir donner une paternité à certaines données. Et donc, la donnée en open data, c'est aussi travailler sur de la confiance et travailler, finalement, sur une explicitation de nos missions et de la réalité au travers de la donnée.
0:16:14 à 0:16:37 Guillaume Vendé :
Il y a très probablement des personnes qui nous écoutent qui ont associé unidique, assurance, chômage. Et là, il y a probablement plein d'idées reçues qui sont arrivées dans l'esprit des auditeurs. J'imagine qu'il y a probablement des associations, heureuses ou malheureuses, qu'on peut être amené à faire. Est-ce que ça vous aide à lutter contre ces idées reçues, d'avoir cette démarche open data ?
0:16:37 à 0:17:41 Vincent Roberti :
Oui, ça nous aide de deux façons. La première, en effet, ça nous aide en tant qu'unidique de dire, voilà, ça nous confirme le fait, pour les fact-checkers extérieurs, pour nos pairs, pour les médias, on est une source d'informations sur le chômage, autre que l'Adares ou l'INSEE, qui sont des fournisseurs aussi de données en open data sur l'assurance chômage. Donc, d'avoir différentes sources de données estampillées par le responsable qui en a la paternité, c'est très intéressant. Mais il y a aussi des idées reçues qui peuvent être combattues par ces données qu'on offre, comment dire, en open data, par exemple, sur le niveau des demandeurs d'emploi qui travaillent. Alors oui, un chômeur travaille, enfin, je vais même dire mieux, un chômeur sur deux travaille. Et ça, en effet, les chiffres le disent clairement, facilement, et donc, ça permet d'aller démonter un peu ces fausses idées, ces idées reçues que l'on peut avoir.
0:17:42 à 0:18:33 Guillaume Vendé :
Il y a souvent cette formule qui vient facilement dès qu'on parle d'ailleurs de politique, d'enjeux de société. On dit facilement, oui, les chiffres, on leur fait dire ce qu'on veut. Et alors, quelque part, là, on donne de l'information, on donne des chiffres de la data. Et oui, dans l'absolu, on peut leur faire dire ce qu'on veut parce qu'on peut toujours être taxé de manipulation quand on réutilise de la donnée. Ce que j'aime beaucoup avec la démarche que tu décris à Lunetik, c'est que justement, le simple fait de mettre à disposition cette donnée est quelque part garant d'une espèce de bonne foi qu'on peut recouper. Alors après, il y a toujours les bonnes ou les mauvaises volontés et on peut travailler dans le temps sur ces approches là. Mais il n'empêche que de votre côté, j'ai l'impression que c'est quand même le summum de la démarche qui vise à avoir une information la plus honnête possible et la plus transparente parce que justement, on peut la recouper.
0:18:33 à 0:20:34 Vincent Roberti :
Donc, c'est un point qu'on s'est posé, savoir si on jouait le jeu à fond Open Data ou pas. Et on s'est vraiment posé cette question-là en se disant on a peut-être plus de coups à prendre que de cadeaux à recevoir. Parfois, on considère que les données, c'est les nôtres. On ne va pas les partager comme ça gratuitement. On est un service public, on a une mission de service public. C'est important que les statisticiens, nos pairs, les journalistes, n'importe qui qui aurait envie d'avoir une information sur une, comment dire, un acquis social ou en tout cas sur une mission telle que l'assurance chômage, puisse avoir des données provenant de l'INSEE, provenant de l'ADARES, provenant d'acteurs privés qui font des études également et qui peuvent mettre en Open Data certaines données. Et puis, provenant du régime qui est en charge de l'assurance chômage. Ça nous paraissait tout du moins extrêmement important, notamment qu'on utilise la licence Open Data V2 de Etalab qui est celle qui est préconisée par l'État, qui est utilisée par l'IGN, qui est utilisée par beaucoup d'opérateurs. Et cette licence impose le fait de citer la paternité quand on réutilise les données. Mais en revanche, ça spécifie clairement que ce n'est pas parce qu'on a cité l'UNEDIC que les chiffres qui vont être retravaillés par un journaliste ou par, comment dire, un développeur qui va réutiliser ces données-là sont ensuite validés par l'UNEDIC. Ce qui est validé, c'est la paternité des chiffres bruts. Mais ensuite, ce qu'on fait après, ce n'est plus de notre rayon. Et ça aussi, ça nous protège juridiquement. Donc, il fallait aussi avoir une ouverture Open Data qui ne nous mette pas trop en danger. Donc, c'est là où je reviens sur le fait que tout est cadré, que ce n'est vraiment pas le Far West. Il y a vraiment des règles et c'est juridiquement, comment dire, écrit. C'est ça aussi qui est important à prendre en compte.
0:20:34 à 0:21:05 Guillaume Vendé :
Je pense que peut-être l'analogie que pourront avoir les auditeurs, c'est de faire peut-être le parallèle avec quelque chose qui est plus facilement connu, c'est les fameuses licences Creative Commons, où on va mettre à disposition du contenu quelque chose et puis on va expliquer dans quelle mesure est-ce qu'on peut se faire de l'argent avec cette information-là, à quel point on peut la redistribuer, dans quelle mesure est-ce qu'on doit inscrire la paternité. Donc, j'ai l'impression que l'Open Data, c'est vraiment une démarche qui peut être assez comparable dans l'approche.
0:21:05 à 0:21:28 Vincent Roberti :
C'est surtout le fait que nous, on ne va pas faire d'argent avec ces données et pourtant, elles peuvent avoir de la valeur pour d'autres et on ne sait pas qui. Donc, pourquoi priver notre pays d'une création de valeur avec les données que l'on a, avec lesquelles nous, on ne va pas créer cette valeur-là ? Donc, c'est ce côté sans retour. Je propose à d'autres d'enrichir notre pays. C'est vraiment dans cette approche-là.
0:21:28 à 0:22:01 Guillaume Vendé :
Vincent, on continue à parler avec toi de l'Open Data et de ce que vous avez mis en œuvre à Lunédic. Vous avez été pousser la démarche jusqu'à intégrer un nouveau métier. Je veux bien que tu nous en touches quelques mots, s'il te plaît, parce que je trouve que c'est aussi une partie de la démarche Open Data. En tout cas, ça dépend jusqu'où on veut mettre le curseur, mais là, dans votre cas, évidemment, c'est assez important. Vous avez été recruté un Data Journalist. Tu peux nous dire en quoi ça consiste, même si le nom, je pense, parle pas mal. Mais c'est quoi son boulot à cette personne ?
0:22:01 à 0:22:08 Vincent Roberti :
Cette personne, c'est un journaliste et deux, un féru de Data. Voilà. Et à part ça...
0:22:09 à 0:22:11 Guillaume Vendé :
Ça va créer des vocations, ça, parmi les gens qui nous écoutent, je suis sûr.
0:22:12 à 0:22:46 Vincent Roberti :
Mais c'est surtout extrêmement... Je veux dire, aujourd'hui, l'Open Data, on n'est pas les seuls. C'est vraiment un mouvement de fond important. Et aujourd'hui, c'est important d'aller fact-checker certaines informations, de savoir communiquer avec les données, de savoir les mettre en valeur. C'est pas simple, un tableau Excel, pour communiquer sur les réseaux sociaux, sur Twitter, sur LinkedIn, de faire un communiqué de presse sur la data. On peut pas envoyer un fichier Excel, ça va pas marcher. Enfin, voilà.
0:22:46 à 0:22:50 Guillaume Vendé :
Ça va pas être lu, en plus. Les gens n'ont pas beaucoup de temps à consacrer au tableau Excel.
0:22:50 à 0:24:45 Vincent Roberti :
Donc, là, c'est notre partie à nous de comprendre aussi de quoi ont besoin ces pères journalistes en face. C'est-à-dire que c'était important, parce que les data journalistes se développent aussi en face. C'est pas que chez nous, c'est vraiment, aujourd'hui, quelque chose qui se met vraiment de plus en plus en place. Et donc, il nous semblait essentiel d'avoir... Là encore, on n'a pas voulu faire une démarche à minima. On a voulu faire une démarche à l'état de l'art de la mise en place de l'Open Data. Et donc, d'avoir vraiment une approche stratégie data au sens global, d'avoir cette ouverture Open Data et d'être équipé aussi en interne, aussi bien équipé d'un point de vue technique qu'avec notre propre plateforme. On n'est pas dans le cloud, il faut savoir. On est redondé sur des plateformes françaises, sur deux sites différents. Et on n'est pas dans le cloud. C'est tout bête, mais là aussi, c'est notre preuve de confiance sur certains points. On n'a pas de front office. On n'a pas 50 000 personnes qui se connectent en même temps. On n'a pas des problèmes de charge aussi importantes. Et donc, on a pris le parti aujourd'hui de ne pas être dans le cloud pour l'instant. La question se posera peut-être, mais aujourd'hui, il suffit de regarder nos besoins. On n'a pas besoin de ça pour le moment. Et donc, le data journaliste, c'est aussi ça. C'est aussi dans tous les différents métiers, d'avoir les recrutements qui vont avec la donnée. L'Open Data n'est qu'une partie émergée de ce qui est ouvert vers l'extérieur. Mais finalement, la stratégie data est complètement transversale à l'ensemble de la structure de l'individu et on va retrouver de la donnée partout. On a toujours tendance à dire que la donnée, c'est de l'or noir. Je n'aime pas du tout l'image, parce que le pétrole, ça cache quelque chose de connoté. Voilà, et il n'y en a plus du tout. Surtout que la data, ça prend de la valeur et ça se bonifie en réutilisation, ce qui n'est pas le cas avec le pétrole. Mais par contre, c'est quelque chose d'essentiel. On va dire plutôt ça, c'est essentiel à tout moteur d'innovation.
0:24:46 à 0:25:30 Guillaume Vendé :
Tu dirais, on va passer à une partie peut-être un peu plus conseil et retour d'expérience sur la démarche que vous avez eue. Mais est-ce que tu dirais d'ores et déjà qu'une entité, entreprise ou une entité plus publique qui adopte une démarche Open Data a tout intérêt à aller jusqu'à peut-être créer le métier ou recruter un data journaliste ? Ou est-ce que dans plein de situations, on pourrait se contenter d'avoir une démarche Open Data ? Tu ouvres la plateforme, tu mets à disposition la donnée et puis, bon, travaillez avec si vous voulez. Ou est-ce que tu trouves que c'est vraiment dommage, toi, de ne pas valoriser le travail qui a été fait avec une personne dédiée qui soit capable de le faire rayonner ?
0:25:30 à 0:28:00 Vincent Roberti :
Ça va même au-delà pour moi, si on veut travailler la data dans sa globalité, où l'Open Data n'est que la partie qui permet d'ouvrir vers l'extérieur en mode altruisme. Et il y a d'autres façons de faire aussi, il n'y a pas que l'Open Data. C'est absolument essentiel d'avoir aujourd'hui des ressources d'ETData dans toutes les directions métiers et qu'il y ait une animation, finalement, et quelque chose un peu de transversal. Je dirais que ça va un peu la même chose qu'on doit avoir, finalement, la capacité de pouvoir faire appel à des fournisseurs ou à des prestataires dans toutes les directions métiers. La donnée est quelque chose qu'on pourrait externaliser, on pourrait évidemment essayer d'avoir une carrière de consultant qui nous aide à travailler les données dans toutes les directions métiers. Moi, j'ai considéré, c'est dans mon titre, Stratégie de la Donnée, que c'était trop important, en tout cas, à l'UNEDIC, la donnée est extrêmement importante, qu'on ne pouvait pas forcément tout externaliser et qu'il fallait à tout prix qu'on internalise le maximum de choses au niveau de la connaissance. Et là encore, je reviens, cœur, connaissance, conquête. Au niveau de la connaissance, il fallait vraiment qu'on soit nos experts. C'est-à-dire que si on veut ensuite sourire vers l'extérieur et valider le fait que ces données, on les valide, on les valide par du travail interne. Là encore, ce n'est pas une casquette, un Big Five des cabinets de conseils qui va nous avoir aiguillés ou explicités qu'est-ce qu'il fallait mettre en Open Data. Non, non, c'est travailler en interne, d'où le recrutement d'un Data Journalist, le recrutement d'avoir des Data Scientists au niveau des études et des analyses, d'avoir en effet des experts en Big Data avec nos plateformes Big Data au niveau ICI, d'avoir une approche aussi Projet ICI, Projet Data au niveau de la direction financière. Enfin voilà, on en retrouve absolument partout. D'avoir quelqu'un qui soit aussi avec une approche juridique au niveau de la direction juridique sur la conformité RGPD, notamment sur la protection des données personnelles. Tout ça, on internalise et on a à l'Unedic finalement une centaine d'experts. Et l'objectif est vraiment de pouvoir valoriser cette expertise autour de la donnée. Alors, il y a d'autres expertises évidemment qui sont nécessaires pour le fonctionnement, mais la data, on va la retrouver vraiment partout. Et aujourd'hui, je ne pense pas qu'on puisse faire de l'innovation sans données. Voilà, là par contre, je considère que c'est une partie de ma doctrine, donc un fait vrai que je considère qu'aujourd'hui, sans données, on ne fait pas réellement d'innovation.
0:28:01 à 0:28:50 Guillaume Vendé :
Il y a un point, on ne l'avait d'ailleurs pas explicitement abordé aussi directement dans le cadre de la préparation de l'épisode, mais j'en profite pour rattraper la balle au bon et solliciter à ce sujet-là. On parle beaucoup d'intelligence artificielle en ce moment. Je sais que c'est un truc qui te passionne. Mettre à disposition la donnée, quelque part, ça pourrait aussi être une manière d'alimenter des intelligences artificielles qui, par essence, se nourrissent de la donnée. Ce qui me fait penser à ça, c'est que tu dis qu'il est difficile aujourd'hui d'innover sans données, sans gestion de la donnée. Est-ce que ça peut faire partie des risques, des freins ? Finalement, adopter une démarche open data, est-ce que ce n'est pas favoriser l'alimentation d'algorithmes d'intelligence artificielle de manière peut-être un peu désorganisée ? Tu nous as bien dit tout à l'heure, et je retiens la formule, ce n'est pas le Far West, mais est-ce qu'on arrive à cadrer les choses jusque-là ?
0:28:50 à 0:30:19 Vincent Roberti :
On voit bien ce qui se passe avec l'IA générative, ou c'est le Far West. Il faut être clair, aujourd'hui, avant l'UNEDIC, il y en a d'autres qui sont en train d'attaquer directement concernant la propriété intellectuelle et les secrets statistiques et sur les données personnelles, parce qu'ils ne respectent rien. Donc, à l'inverse, il y a dix ans, quand les grandes plateformes GAFAM sont arrivées, où l'Europe n'était pas prête, aujourd'hui, le réseau CNIL européen est prêt. Les gouvernements européens sont beaucoup plus dans la technologie et dans l'innovation, ça ne va pas se passer de la même façon, et on sent bien là les premières attaques qui sont arrivées sur les IA génératives. Certaines respectent les choses, il faut être clair, et d'autres absolument pas, ils ont ouvert une boîte de Pandore et la boîte va se refermer, ça va claquer sur leurs doigts, ça va faire un peu mal. Et c'est dommage, je veux dire, je ne suis pas contre l'IA, bien au contraire, je pense que l'IA est essentiel. En parlant d'emploi, j'entends déjà des fausses idées comme quoi l'IA va tuer des emplois. Non, c'est l'utilisation de l'IA qui va générer de nouveaux emplois, et ceux qui ne vont pas utiliser de l'IA vont en perdre. En effet, il va y avoir une bascule, mais ce n'est pas une suppression. Mais bon, avoir, c'est le futur qui nous le dira.
0:30:20 à 0:30:27 Guillaume Vendé :
C'est une étape d'innovation technologique comme on en a connu d'autres et qui, effectivement, risque de se reproduire dans son adoption, encore une fois.
0:30:27 à 0:30:36 Vincent Roberti :
Et qui va se cadrer, je veux dire que le autodémarrage de l'open source, quand on faisait le parallèle avec l'open source, Microsoft n'y croyait pas.
0:30:36 à 0:30:37 Guillaume Vendé :
Ah oui, ça c'est sûr.
0:30:37 à 0:31:16 Vincent Roberti :
On ne va jamais avoir quelque chose qui soit équivalent à Office en open source. Bah si, ça existe, voilà. Et on sait qu'il n'y a pas d'écouteurs dedans, on sait qu'il y a plein de choses en open source qui permettent de garantir une certaine confiance, une certaine transparence qu'on n'a pas avec les sociétés privées qui ferment leurs codes. C'est normal de ce point de vue-là. Donc, ça permet d'être cadré. Il y a des règles qui ont été mises en place sur l'open source et qui garantissent son bon fonctionnement aujourd'hui. Là encore, je redis, ce n'est pas le Far West. Et aujourd'hui, l'IA, c'est un peu le Far West, voilà.
0:31:16 à 0:31:52 Guillaume Vendé :
Je sens qu'il y a des auditeurs qui doivent boire du petit lait quand tu valorises comme ça ces solutions et ces approches. Alors, on va peut-être achever de les convaincre ou en tout cas donner des clés si jamais on cherche à reproduire votre démarche et adopter une stratégie open data. Est-ce que tu peux nous dire un petit peu comment ça s'est passé à l'Unedic dans l'histoire ? Qu'est-ce qui vous a amené à ce que vous arrivez à proposer la plateforme data.unedic.org et à adopter cette stratégie ? Et puis à faire un épisode de Tech Café aujourd'hui où vous parlez d'open data. Quelle est la genèse ?
0:31:52 à 0:33:39 Vincent Roberti :
Alors, la genèse de tout ça, c'est la genèse en 2020 de travailler sur une stratégie data, tout simplement, de se poser la question. Donc finalement, l'open data n'était pas encore là. Et puis avec les 3 C, cœur, connaissance, conquête, sur la conquête, on s'est dit, l'open data, si on n'y est pas, concernant les données et l'assurance chômage en open data, d'autres vont le faire à notre place. Et donc la paternité de données sur l'assurance chômage, elle sera portée par d'autres. Donc là, on s'est posé la question de savoir comment faire. Mais finalement, ça n'allait pas forcément de soi, même en interne de l'Unedic, de faire de l'open data. Les freins classiques, je ne les ai pas inventés, mais on les a vécus. C'est-à-dire qu'on n'est pas une exception, on a beau être remplis d'experts, on a eu les problèmes que tout organisme, toute entité, toute société qui souhaite faire de l'open data va être confrontée. Les données, c'est considéré comme une ressource privée. Je ne vais pas les partager comme ça, je ne vais pas les mettre sur le trottoir. Et puis quoi encore ? Les données, c'est souvent stocké de manière désorganisée. On l'a dit, on peut avoir des données sous un certain format à gauche, d'autres à droite, pas mise en valeur de la même façon, pas mise à jour de la même façon, pas stockée de la même façon, enfin voilà, pas expliquée de la même façon, parfois avec un avis très statistique, une analyse très financière ou RH. Les données sont personnelles. On parle des demandeurs d'emploi, on parle des entreprises, on va pas les partager. Et c'est ce fameux risque à la confidentialité. Puis il y a la culture. Comme je l'ai dit, il y a des gens qui considèrent qu'un produit qui n'est pas acheté, ce n'est pas un produit sûr. Je ne vais pas prendre de l'open office et je vais plutôt payer du Microsoft qui fait de l'abonnement en Office 365. Alors, il y a des plus, il y a des moins, mais parfois, il y a du frein culturel qu'il faut aller combattre, c'est-à-dire l'un n'empêche pas l'autre.
0:33:39 à 0:34:05 Guillaume Vendé :
Je pense qu'en matière d'Office, par exemple, l'idée reçue qui est la plus communément répandue, c'est « ah ouais, mais en utilisant un truc comme open office, il y a bien un jour, on va m'envoyer un tableau Excel que je ne vais pas arriver à ouvrir parce que c'est moins facilement compatible, etc. » Et ça montre bien à quel point on peut avoir des biais culturels sur ces sujets-là, parce que si les choses étaient un petit peu, finalement, cadrées avec un certain nombre de points de repère de partage, la question ne se poserait même pas.
0:34:05 à 0:34:24 Vincent Roberti :
Je crois que ça s'applique bien. Ce qui est assez marrant, c'est que je digresse juste 30 secondes sur cette partie-là, sur la partie XML. En fait, il y a une norme XML internationale qu'utilise Open Office, qu'utilise Microsoft Office. Mais dès que Microsoft utilise des fonctionnalités un peu nouvelles, il a un XML à lui.
0:34:24 à 0:34:28 Guillaume Vendé :
Oui, c'est vrai. Il est automatique, effectivement.
0:34:28 à 0:34:46 Vincent Roberti :
Mais bon, c'est cette bonne guerre. Là encore, il y a des investissements qui sont milliards d'un côté et qui fournissent un certain service d'intégration un peu plus globale qu'on n'a pas forcément dans l'open source. Mais ça dépend du besoin. Là encore, ce n'est pas la peine d'avoir une hors josse pour juste écrire trois lettres par mois.
0:34:46 à 0:34:46 Guillaume Vendé :
Enfin, voilà.
0:34:46 à 0:34:49 Vincent Roberti :
Et donc là, c'est les freins culturels qu'on a dû...
0:34:49 à 0:34:54 Guillaume Vendé :
Des freins internes, principalement, du coup. C'est juste les personnes au sein de l'UNEDIC qu'il a fallu convaincre, finalement.
0:34:54 à 0:35:38 Vincent Roberti :
Ah ben, c'est important. Oui, mais c'est le plus important. Et ça définit finalement cette démarche qui s'est faite en trois étapes. Cette démarche, tout d'abord, faire de la pédagogie interne, c'est-à-dire que ça ne s'est pas fait en trois mois, vu que là, on est sur de la pédagogie. On est sur faire des webinaires auprès des métiers, auprès de la gouvernance, parce qu'on a fait valider le fait qu'on mette à disposition ces données brutes en mode open data. Alors, quand je dis brutes, j'ai encore les analyses qui m'ont sauté au plafond. Ce n'est pas des données brutes de type statistique. Elles ont été, bien sûr, travaillées, peignées, rangées, explicitées, donc elles ne sont pas brutes. On va dire dans un tableur. Voilà, des données dans un tableur, dans une feuille de tableur. Non, je sais que je vais me prendre des...
0:35:38 à 0:35:43 Guillaume Vendé :
Ils vont te dire, mais enfin, tu as vu ce qu'on donne à disposition. Ce n'est quand même pas de la donnée brute.
0:35:43 à 0:38:24 Vincent Roberti :
Ça demande beaucoup de travail et ça a demandé du travail en plus. Exactement. Et donc, ça demande de la charge en plus. L'open data, ce n'est pas juste j'ouvre et je regarde ce que j'ai dans mon tiroir et je mets à disposition ce que j'ai dans mon tiroir. Au contraire, il y a beaucoup de travail et donc, il fallait expliciter ça. Expliciter aussi qu'on allait faire attention à la confidentialité. Évidemment, qu'on allait respecter les règles, évidemment qu'il va falloir retravailler d'où la charge et réorganiser, ré-expliciter de manière normée et de considérer que ce n'est pas des données à nous, c'est des données pour les autres. Donc, il y a le côté altruisme qu'il fallait aussi emmener. Donc, beaucoup de pédagogie et puis, évidemment, la partie technique. Mais la partie technique, finalement, c'était la plus simple. Je ne veux pas jeter le... Non plus, il y a beaucoup de travaux qui ont été faits sur la partie SI, c'est important, mais c'est... Ils étaient déjà convaincus aussi, donc c'était un peu plus simple avec la partie SI. Donc, beaucoup au niveau des métiers, et c'est normal, d'évolution et de pédagogie. Dans un second temps, ce n'est pas parce qu'on a fait un portail data.unedic.org qu'on a eu un pic de connexion énorme qui s'est mis en place. Donc, il y a de la pédagogie aussi externe à faire vers l'extérieur, à expliquer notre démarche, à aller voir nos pairs journalistes. C'est très intéressant d'avoir un data journaliste, d'ailleurs, pour aller justement voir les pairs journalistes, d'aller aussi expliciter les tableaux de bord qu'on a pris, enfin qu'on a mis en place sur l'assurance chômage, de l'expliciter aux partenaires sociaux, mais aussi parce que ça fait partie de notre mission auprès des instances paritéres, barré-régionales, donc en région, qui sont aussi, travaillent, sont des instances qui travaillent avec Pôle emploi et avec les différents partenaires sociaux, mais en région, qu'ils puissent aller chercher eux-mêmes de la donnée. Donc, il y a des tableaux qui sont filtrables par région, par département pour avoir directement les données s'ils veulent comparer entre deux départements, deux régions et autres, ils peuvent vraiment aller chercher de l'information facilement accessible. Mais ça, il va falloir qu'on... Voilà, on est en train de faire ce travail de pédagogie plus global, ce podcast, ça en est un exemple, d'aller aussi vers l'extérieur et de faire cette pédagogie vers l'extérieur, démontrer l'existence et expliquer la démarche, c'est-à-dire que c'est pas, voilà, c'est pas juste un produit informatique avec des données qu'on a mis dedans, il y a une vraie démarche derrière, donc on essaie de l'expliquer. Ça ne va pas de soi pour tout le monde. Ça ne va pas de soi de la même façon pour tout le monde, voilà, et c'est ça qui est important à prendre en compte dans une démarche Open Data, c'est que ça peut prendre du temps et c'est normal, il ne faut pas s'en inquiéter. J'avais eu aussi une conclusion de ce point de vue-là, c'est qu'il ne faut pas que ce soit un projet ici, il ne faut pas que ce soit un projet métier, il faut que ce soit un projet d'entité.
0:38:24 à 0:38:35 Guillaume Vendé :
C'est une transformation qui va toucher tout le monde, c'est une révolution, mais pas dans le sens instantané du terme, c'est une révolution à mettre en œuvre et qui peut prendre un peu de temps pour convaincre tout le monde.
0:38:35 à 0:38:38 Vincent Roberti :
Si on va trop vite dans une révolution, ça fait des explosions.
0:38:38 à 0:38:42 Guillaume Vendé :
Oui, oui, souvent la conduite du changement à marche forcée, ça ne marche pas très, très bien.
0:38:42 à 0:41:14 Vincent Roberti :
Exactement, et donc là, on retrouve les mêmes problématiques de conduite du changement assez classique. Si on veut aller trop vite, ça va aller. Ça peut être violent et l'Open Data est tout sauf violent. Vu qu'on est dans quelque chose, dans un partage, dans un altruisme, il n'y a pas d'altruisme violent, ça n'a pas de sens. Donc, si c'est trop tôt, c'est trop tôt. Dans ce cas-là, il faut faire parfois des marches arrière, repartir au moins en arrière, recommencer la pédagogie, mieux écouter peut-être, en effet, les contraintes ou les freins de chacun. Ce n'est pas les mêmes. Là encore, ce n'est pas les mêmes et c'est normal que ça ne soit pas les mêmes. Il y a un vrai travail de fond qui peut vraiment prendre du temps. Et là encore, est-ce qu'on doit être accompagné pour faire ça ? Oui et non. Si on est accompagné, c'est-à-dire qu'on va avoir un calendrier, donc ça va être un marche forcé. Donc, faire attention à ça. Si on veut que ce soit un projet d'entreprise, un projet d'entité, il faut que ce soit quelque chose qui soit mené au fur et à mesure, à sa bonne vitesse. Il y a des entreprises, en fonction de ses profils et en fonction de ses directions, on va dire métiers ou sur l'organisation de sa structure, vont être plus faciles à basculer dans une stratégie d'Open Data que d'autres. C'est plus compliqué. On avait une facilité, c'est qu'on ne faisait pas de business autour de la donnée. Je vois si on peut faire un parallèle en finissant sur ça, peut-être sur l'IGN, qui a commencé à partager en Open Data en 2022, ses données, avec la même licence que nous d'ailleurs, en termes de partage de données. La licence ouverte est à la B2. 40 ou 50 % de son business model provenait de la vente de données. Ce n'est pas du tout la même chose quand on change finalement... Là, c'est même plus changer son fusil d'épaule. C'est retourner la chaussette intégralement et refaire une entreprise différente et redéfinir une stratégie complètement différente. Et se repositionner aussi, peut-être un peu plus au centre du jeu. Ou le centre du jeu, ce n'est pas forcément d'avoir de la donnée, mais c'est de valider la donnée que l'on partage. Je pense que c'est ça aussi qui redonne, et c'est ce qui nous a fait basculer, nous, une indique dans l'Open Data, c'est de dire on est au milieu de la place du village pour les données de l'assurance chômage avec les autres. On n'est pas au bord, on est au
0:41:14 à 0:41:56 Guillaume Vendé :
centre. Je suis impressionné de voir à quel point ce sujet qu'on peut prendre sous un angle a priori très technique est finalement très humain et très politique et très sociétal, quelque part. C'était absolument captivant de se plonger dans cet univers à tes côtés. Vincent, merci beaucoup pour ta participation et pour toutes tes explications, ton témoignage. Est-ce que tu peux en profiter pour nous rappeler où on peut te retrouver, peut-être où on peut retrouver l'UNEDIC, au sens large. On a dit, il y a la plateforme data.unedic.org. Ça, c'est pour la donnée en tant que telle, qui illustre très clairement la démarche de cet épisode. Mais toi, l'UNEDIC, est-ce qu'on peut vous retrouver quelque part ?
0:41:56 à 0:42:07 Vincent Roberti :
Moi, je suis sur LinkedIn. L'UNEDIC aussi. L'UNEDIC est sur Twitter et puis il y a unedic.org. Vous retrouverez tout le monde, il n'y a pas de problème. On a même une chaîne YouTube. Comme quoi, on n'est pas contre les gaffes femmes tout le temps.
0:42:08 à 0:44:29 Guillaume Vendé :
Ça s'illustre, effectivement. Et donc, vous pouvez aller échanger peut-être sur les réseaux sociaux. Si vous avez des questions, vous qui écoutez TechCafé sur l'Open Data ou la démarche de l'UNEDIC, eh bien évidemment, allez les solliciter. Et aussi, c'est le moment rêvé de le rappeler, il y a aussi un podcast. Je pense que les personnes qui écoutent TechCafé seront ravies de savoir qu'ils pourront prolonger l'expérience en écoute de l'UNEDIC en audio. Il y a un podcast qui s'appelle Point de suspension. Vous mettez en lumière les transformations du monde du travail avec des paroles d'experts. Et alors, il y a des sujets qui vont toucher nos auditeurs très directement. Vous avez fait notamment un épisode Travailler dans le métavers. Fiction ou réalité ? Alors là, si vous écoutez TechCafé, vous vous doutez que la notion même de métavers pose la question de fiction-réalité. Mais qu'est-ce que ça veut dire dans le monde de l'emploi ? Où sont les vrais gisements d'emploi du numérique ? Comment les travailleurs des plateformes ont-ils été touchés par la crise ? Comment renforcer l'inclusion sociale et la diversité dans les métiers du numérique ? Ça, c'est évidemment, j'imagine, quelque chose sur lequel il y avait pas mal d'éléments à partager côté UNEDIC. Et puis, comment accompagner les demandeurs d'emploi face à la fracture numérique ? Donc voilà, il y a énormément d'épisodes que vous allez pouvoir retrouver. Vous pouvez aller chercher points de suspension dans votre app de podcast, points au pluriel de suspension, et vous aurez pas mal d'infos autour du monde de l'emploi et qui vous intéressera sur le plan numérique. J'attends vos remarques et vos questions dans la rubrique commentaire sur TechCafé.fr. Et vous le savez aussi sur le serveur Discord de TechCafé, TechCafé.fr slash Discord. Et puis, je vous invite, si vous avez écouté cet épisode avec intérêt, si vous avez été informé, si accessoirement vous avez passé un bon moment, je vous invite évidemment à vous abonner si ce n'est pas déjà fait. On vous décrypte chaque semaine l'actualité des nouvelles technologies et les enjeux de sociétés qui sont liés. Et puis, si vous êtes abonné et que vous voulez soutenir le podcast, vous pouvez même vous rendre sur Patreon.com slash TechCafé et vous pourrez participer avec quelques euros par mois d'un flux privé pour écouter le podcast sans les pubs, mais aussi participer au financement de TechCafé et garantir sa pérennité. Merci beaucoup pour votre fidélité. Merci beaucoup pour ta... Merci beaucoup pour ta participation, Vincent. Rendez-vous dans quelques jours pour un prochain épisode de TechCafé. Ciao à toutes et à tous.
0:44:29 à 0:44:29 Vincent Roberti :
Merci, Guillaume. Au revoir.